L'histoire :
C’est un lieu… Une île où chantent collines épaisses d’herbes vertes, rivières claires et forêts peuplées de nymphes et de fées. Une terre sur laquelle court, du matin au soir, une petite pousse pleine de vie, de curiosité et de naïveté : Gabriel, le petit Faune. Fasciné par la beauté qui l’entoure, Gabriel est encore plus intrigué par le magicien. Lui, c’est le plus grand et surtout le premier d’entre eux. Il est presqu’aussi vieux que le Monde. Il a une immense barbe blanche et un manteau de feuilles tissé par les fées. Mais ce ne sont ni ces attributs, ni les milliers de légendes qu’il connait qui impressionnent Gabriel. Ce qui l’intrigue le plus, c’est que de tous ceux qu’il connait, il soit le seul à ne pas avoir de cornes… Mais peu importe. En tous cas, pour Gabriel, il est Merlin. Celui qui comprend et sait lire la nature, mais surtout celui qui pourrait devenir son meilleur ami...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme elle a pris l’habitude de le faire, la collection Métamorphose offre à nouveau un bel objet. Une petite chose, au papier épais, aux planches minutieusement agencées, aux couleurs doucement baignées, prompte à faire friser l’œil et nous libérer, le temps d’une balade, de notre grisaille et train-train. L’invitation, c’est une petite bestiole, aux cornes encore bien tendres, qui nous l’a fait. Angelot ? Chérubin ? Infime partie de ce qu’il nous reste d’innocence ? Le petit Gabriel, Faune de son état, nous accompagne pour visiter son île. Surtout, il nous fait profiter de sa rencontre avec une vieille carcasse sage au manteau de feuilles, qu’il appelle Merlin, un grand magicien. Pot de colle et curieux de tout, il assène le bonhomme (Druide ? Dieu ? Partie la plus sage qui se cache encore au fond de chacun de nous ?) d’une multitude de questions. Cette démarche sert notre réflexion mais reste avant tout une belle ouverture au rêve et à la poésie. Car n’allez pas y chercher autre chose. Ce qui manque, en effet, cruellement à cet album tout joli, c’est un véritable récit. Long poème mis en image, musical, du velouté du coup de crayon, jusqu’aux baisers qu’aiment se donner les mots, cette promenade est un hymne à la nature, une tendre réflexion sur le temps ou sur la place de chacun de nous. Nos talentueux auteurs n’ont ici vraisemblablement pas d’autre intention que de mettre en place un univers visuel enchanteur, attachant et envoutant. Ce doux entrelacs d’onirisme, de douceur et de mythologie est parfaitement séduisant, à l’instar du graphisme, somptueux, travaillé avec minutie de bout en bout… Mais point d’histoire à se mettre sous la dent. En somme, un instant douillet à vivre sous la couette, tandis que dehors, l’automne tombe ses feuilles. En espérant qu’un prolongement plus épais soit proposé prochainement…