L'histoire :
Dans les salons anglais, un homme présente avec entrain George Murray Smith à ses acolytes. Ils ont mille et une questions à lui poser. George aurait découvert un auteur, qui ne cesse de scandaliser la société, un des frères Bell. Il y a Currer, Ellis et Acton Bell qui sont tous trois écrivains. Newby, positionné non loin de là, intervient en se vantant d'en être le seul éditeur ! Les exemplaires sont partis comme des petits pains, il va devoir réaliser un second tirage. Les intrigues de ces romans sont vivement critiquées. Dans l'un des récits, une femme, encore mariée, est attirée par un autre homme, qui la désire aussi, mais elle refuse ses avances alors qu'elle l'aime aussi. Il ne comprend pas, et finit par découvrir la vérité. Les hommes du salon y vont tous de leur commentaire : ne réalise-t-elle pas qu'elle quitte ses devoirs d'épouse et que ces actes sont illégaux ? Cela laisse la place à un auteur pervers, qui ne s'accommode pas des usages de la société. Les femmes sont tellement influençables, c'est indécent de leur laisser la possibilité de tomber sur cet ouvrage ! Ce que ne savent pourtant pas tous ces hommes, c'est que ces auteurs masculins sont en réalité des femmes. Les sœurs Brönte sont, en secret, à l'origine de ces écrits. Et la jeune Anne, souvent oubliée au profit de ses sœurs, a également contribué à l'écriture de romans. Qui était-elle ? Que voulait-elle raconter en prenant la plume ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paulina Spucches est une autrice franco-argentine qui a déjà publié Vivian Maier à la surface d'un miroir. Elle s'est toujours considérée comme une « fan » des sœurs Brönte. Mais à la suite d'un voyage en Angleterre, elle se rend compte que les paysages qu'elle projetait sur les récits de ces autrices, étaient erronés. Et que, finalement, elle ne connaissait pas si bien que cela les sœurs Brönte. Elle n'avait pas non plus conscience qu'Anne était tout autant romancière que ses aînées. Elle se lance alors dans ce nouveau travail, cette bande dessinée qui s'inspire de faits réels, mais dont l'ensemble est une fiction. Elle capte les ambiances de ce siècle, visuelles mais pas seulement. Et elle s'intéresse plus particulièrement à cette sœur méconnue, avec une possible interprétation de cet univers. Alors que les histoires autour des sœurs sont souvent tragiques et sombres, elle prend le contre-pied, et inclue des couleurs vives et pleines d'éclat dans leur quotidien. Tout y est flamboyant, en particulier le personnage d'Anne. Les pleines pages et les doubles pages, qui laissent plus de place à l'image qu'aux textes, sont de véritables tableaux. On ressent le mouvement, et on apprécie le travail de composition qui y est réalisé. Le reste des planches, davantage découpées, laisse un peu moins de place à la précision. Scénaristiquement, on est happés à cette époque, tant par les dialogues, que par les attitudes des hommes et des femmes. Les sœurs Brönte ont su s'affirmer, braver les interdits, être libres, face aux injonctions de la société très conservatrice.
