L'histoire :
Galien, dessinateur BD, et Marion, une travailleuse sociale, ont collaboré ensemble à la réalisation d’un documentaire sur un foyer des jeunes près de Caen. Marion recontacte Galien pour lui proposer un nouveau projet. Elle monte un double atelier : l’un sur « L’homme préhistorique » avec un musée, et l’autre sur « L’homme du futur », qu’elle veut aborder par l’art, avec le dessin. Par contre, elle travaille désormais en Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation. Ce qui veut dire que Galien devra intervenir en prison. C’est la surprise pour le dessinateur dont les représentations sur le monde carcéral lui font penser aux pires criminels. Malgré la peur, il relève le défi.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La plupart du temps, avec leurs carnets, les dessinateurs nous invitent au voyage dans des lieux magnifiques. Galien a fait un choix bien moins exotique : la prison de Caen, où il a animé des ateliers de dessin. Cet ancien ingénieur reconverti dans le dessin relate le vécu de ses interventions en faisant une galerie de portraits (essentiellement de prisonniers), des interviews et en décrivant cet univers pesant et en permanence sous tension. C’est une expérience singulière où la vigilance, la méfiance sont de rigueur. Même avec les surveillants, il apparaît difficile de créer du lien pour celui dont la place semble mal identifiée. La prison marque les esprits, quel que soit le côté des barreaux où l’on se trouve. L’enfermement dévore les prisonniers, les agents pénitentiaires et les intervenant extérieurs. Il y a une forme de résignation dans la description de cet univers où les lueurs d’espoir sont bien faibles. Cette lucidité sans angélisme donne à réfléchir sur notre modèle carcéral et les choix politiques qui en découlent. L’écriture est plaisante avec un style soigné.