L'histoire :
Budapest, 23 octobre 1956. Près de 300 000 hongrois manifestent dans les rues de la capitale. Ils réclament des réformes économiques et plus de liberté politique. En réponse, la police politique ouvre le feu et la manifestation pacifique se transforme en émeute. Sous pression, le secrétaire général du PC demande l’intervention de l’armée soviétique. Le 24 octobre, les chars entrent dans la ville. Des barricades sont dressées et des affrontements éclatent. Le 25 octobre, le pouvoir en place tombe. Un cessez-le-feu est négocié et deux jours plus tard, les chars se retirent. Un gouvernement de coalition est formé dès le 1er novembre. La police politique est dissoute et les partis politiques interdits jusqu’alors sont de nouveaux autorisés. Pendant cette semaine, Moscou hésite et joue la carte de l’apaisement. Mais le nouveau gouvernement affiche sa volonté de sortir du pacte de Varsovie et de devenir un pays neutre. Khrouchtchev et le Politburo changent alors de stratégie… le 4 novembre, 1500 chars entrent à nouveau dans Budapest et la répression sanglante commence. Les démocraties occidentales qui avaient promis d’aider les hongrois à se libérer ne bougent pas. Après sept jours et près de 3000 morts, le soulèvement est définitivement écrasé. De leurs côtés, Simone Signoret et Yves Montand, ont tous deux le communisme chevillé au corps et acceptent une tournée de gala derrière le rideau de fer. Malgré l’insurrection réprimée de Budapest, la tournée est, malgré tout, maintenue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’idylle entre Simone Signoret et Yves Montand a longtemps fait la Une de la presse spécialisée française, leur histoire d’amour n’en reste pas moins chevillée au communisme, dans la mesure où le couple prend souvent la forme d’une conscience politique. Et c’est dans le cadre de cette conscience politique que le scénariste Xavier Bétaucourt se propose de nous faire redécouvrir la tournée des deux stars Derrière le rideau de fer en 1956, alors même que les terribles événements de Budapest viennent de se produire. De fait, cette BD permet de mieux appréhender les hésitations et les atermoiements d’Yves et de Simone quant à cette tournée qui met leurs idées politiques à rude épreuve. On y découvre alors un couple tiraillé entre sa farouche volonté de rester fidèle à ses idées politiques et à l’horreur qu’inspire la répression sanglante de Moscou. Du côté des dessins, Aleksi Cavaillez délivre des crayonnés énergiques, mais avec peu de détails, notamment en ce qui concerne les décors ou les contours des personnages. Qui plus est, cette épure volontaire est aussi appuyée au travers de noir et blanc très contrasté. Derrière Le Rideau est donc une œuvre très intéressante qui permet de mieux connaître les personnalités d’Yves Montand et de Simone Signoret au regard d’un événement qui a bouleversé le monde et qui a fait vaciller leur idéal politique, risquant même de faire couler leurs carrières…
