L'histoire :
A la fin de la guerre, Nica aurait pu avoir une vie très privilégiée aux côtés d'un mari riche, issu d'une famille noble. Mais les contraintes de cette vie en société deviendront trop pesantes pour celle qui avait laissé sa véritable passion dormir pendant de longues années. La petite Pannonica avait en effet grandi en Angleterre dans les années 20, dans la très belle propriété de la famille Rotschild, une vie très rangée d'où son esprit curieux cherchait à s'échapper à la moindre occasion. Devenue jeune fille, la découverte de la musique jazz lors d'un concert de Benny Goodman fait éclore une passion dont elle ne sait pas encore qu'elle va bouleverser sa vie. Duke Ellington sera une deuxième révélation, mais la vie un peu délurée de la jeune femme inquiète sa famille, qui l'envoie pour des études très strictes à Paris. Elle doit apprendre les bonnes manières, et trouver un homme de qualité, qui sera Jules de Koenigswarter. Mais la montée en puissance du nazisme, et l'antisémitisme qui fait des ravages jusqu'en Grande Bretagne, met un terme à une période de relative innocence. L'énergie du jeune couple va être toute entière engagée dans le conflit où Jules prend des responsabilités militaires, jusqu'à la victoire des alliés. La vraie personnalité de la Baronne du Jazz ne s'est pas encore révélée !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nica de Koenigswarter a eu une influence très particulière sur de nombreux musiciens de jazz des années 50, lorsque les avant-gardistes qui vont transformer cette musique commencent à émerger. La naissance du fameux bebop, une période où les musiciens décident de franchir des frontières harmoniques et désarçonnent une partie de leur public. Pour raconter ce destin hors du commun, Stéphane Tamaillon fait un choix très linéaire, et démarre dans la petite enfance de son héroïne, avec laquelle on traverse toute la période de la guerre. Il faut plus de la moitié du livre pour arriver à la rencontre avec Thelonious Monk, artiste maudit et précurseur, et première passion artistique folle de Nica. On se demande pourquoi tant de temps consacré à une époque qui n'est plus mentionnée ensuite lorsque sa vraie vie de muse commence, et qu'il aurait probablement été préférable d'évoquer par petites touches en flashback. On regrette le temps qui manque pour réellement se plonger dans cette atmosphère de folle créativité, et mieux voir le rôle que la jeune femme va jouer aux côtés d'artistes dont le nom est passé à la postérité. Priscilla Horviller accompagne cette biographie d'un trait souple et d'un mélange assez élégant de noir et blanc pour les décors et de couleurs pour les personnages. Un choix qui passe bien et qu'on ne remarque pas forcément à la première lecture. Sa Baronne est bien campée, visiblement passionnée et volubile aux côtés de ces jazzmen parfois très perturbés. Un destin intéressant dans lequel on aurait aimé plonger avec davantage d'intensité.