L'histoire :
A quinze kilomètres du centre d’Angoulême, au beau milieu de la nature, dans un écrin de 15 hectares de verdure, sont plantés des bâtiments majestueux en pierres blanches, chargés d’histoires : les plus anciens datent de 1865. Aucun bruit ne s’échappe de derrière ces murs, c’est un refuge contre le monde extérieur. Cet endroit, c’est l’hôpital psychiatrique Camille Claudel. Si l’artiste a donné son nom à ce type d’établissement, c’est qu’elle y a passé plus de trente ans de sa vie : elle est morte en 1943, de malnutrition, dans l’asile de Montdevergues dans le Vaucluse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Xavier Béteaucourt et Jean-Luc Loyer se sont à nouveau associés pour une BD reportage qui s’intéresse à l’hôpital psychiatrique et à ses patients. Ce livre décrit, presque de manière clinique, la vie dans ce type d’établissement. Les deux auteurs évoquent brièvement l’histoire de la psychiatrie et certains traitements qui étaient administrés aux malades avant de consacrer une majeure partie de cet ouvrage aux personnes souffrants de troubles mentaux comme la schizophrénie. Pour faire découvrir cet univers finalement assez méconnu, les auteurs donnent la parole à des personnes qui souffrent de pathologies mentales. Certains sont stabilisés et évoquent de manière assez cohérente et lucide leur maladie, leur souffrance, tandis que d’autres sont en plein délire. Les soignants décrivent également leur quotidien, tout comme certaines familles de malades évoquent leur vécu de la maladie. L’hôpital psychiatrique, ce n’est pas uniquement l’image d’Epinal avec les fous en camisole de force. On découvre au travers de scènes de vie du quotidien un milieu plus ouvert avec, par exemple, des patients qui déambulent dans l’établissement ou encore des soignants qui se déplacent aussi au domicile de personnes. Les difficultés (charge administrative, manque de moyens, etc.) qui rongent le travail des soignants sont également abordées. C’est un ouvrage globalement intéressant, avec certes quelques longueurs, mais qui offre une représentation plus humaine de la santé mentale. Graphiquement, le dessin semi-réaliste est sobre, avec un dessin minimaliste.