L'histoire :
Un couple se retrouve un soir ; chacun évoque sa journée de travail. Quoi de plus banal ? Sauf que le couple est composé de deux filles et qu'elles devisent gentiment engoncées dans des tenues en latex et cuir, lascivement allongées l'une contre l'autre. Tout en discutant, elles se lancent dans des pratiques loin d'être pudibondes. Au détour de la conversation, l'une d'elles fait part à l'autre d'un « cadeau » ; celui-ci fait son apparition sous la forme d'une somptueuse créature d'à peine 18 ans, de surcroît inexpérimentée. Elle a tout à apprendre, alors pourquoi ne pas commencer tout de suite ?
Une dominatrice pur jus s'amuse à faire des aller-retour (des va-et-vient ?) entre deux pièces de son appartement où règnent les fantasmes les plus exubérants. Entre ce couple légitime, qu'elle a impeccablement ficelé en attendant l'inspiration, et son compagnon qui lui présente ses dernières acquisitions en termes « d'ameublement », parviendra-t-elle à ses fins ?
L'excitation et l'impatience sont presque palpables aux abords de cette boîte privée d'un genre un peu particulier, où l'on vient jouer un rôle selon son inclination sexuelle et surtout psychologique : parmi cette foule qui grossit en attendant l'ouverture, qui sera le dominant ? Le dominé ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces trois fables plutôt trash (en guise d'exemple, les « soumis » sont assimilés à des meubles, voire utilisés comme des des cendriers !! ) commencent chacune « in medias res » (au cœur de l'action), ce qui n'est pas forcément l'apanage du genre érotique, mais qui est une sacrée bonne idée ! Sans pour autant négliger les préliminaires, Xavier Duvet fait courir son crayon expert sur les splendides anatomies de « ses » créatures, aussi bien les prédatrices que les soumises, au gré de situations délurées. Certes, la texture du nylon qui épouse si bien les jambes parfaitement galbées est difficile à rendre, alors la palette graphique vient donner un petit coup de pouce bienvenu. La grande force de l'auteur, c'est sa connaissance intime des moindres détails de la féminité, qu'un noir et blanc impérial aurait pu affadir. Bizarrement, c'est loin d'être le cas : ce noir et blanc renforce la crudité du propos, surtout dans le dernier épisode où la cave qui tient lieu de boîte privée offre un décor glauque à souhait. Le traitement de la lumière dans ce lieu rempli de promesses – et surtout de potentiel graphique – aurait mérité d'être plus étudié, mais là n'est peut-être pas l'essentiel. Les néophytes s'amuseront au fil des pages à rencontrer des pratiques exotiques tel le shibari, cet art ancestral du bondage japonais, ou encore le « gode buccal » qui offre une alternative intéressante au galvaudé « gode-ceinture ». Les autres se délecteront de l'imagination fertile de l'auteur qui leur apportera peut-être de nouvelles idées à mettre en pratique...