L'histoire :
Pas facile de satisfaire le tout-puissant lorsque la source de la comédie qu'on lui joue se tarie. Dès lors, une muse en disgrâce donne son sceau d'inspiration au marionnettiste dramaturge du paradis. Celui-ci à une forme conique allongée et sied bien comme nez à l'une des marionnettes, car il faut pouvoir cacher cet objet magique que Dieu ne veut pas voir. Exilé de force, Paolo Pinocchio, qui a pris vie grâce à la fée bleue, va se rendre à Venise, à la recherche d'un Diamant bleu byzantin devant lui apporter la gloire. Cependant, d'autres protagonistes, dont « l'adversaire », un ange déchu, recherchent aussi ces talismans puissants que sont le sceau des muses et le diamant. Long et tortueux sera le chemin jusqu'à la lumière...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Apparu il y a déjà dix ans dans un premier volume d'histoires courtes chez Tanibis, le personnage fantasque et un peu gredin de Paolo Pinocchio nous avait introduits à l'univers très comedia dell'arte de l'argentin Lucas Varela. L'auteur avait aussi fait sensation en 2013 en dessinant l'excellent Diagnostic, scénarisé par son compatriote Diego Agrimbau chez le même éditeur (avec lequel il a aussi publié L'Humain). D'ailleurs, avec une demi-douzaine de bons titres, chez divers éditeurs, grands et petits, dont certains écrits par lui, on peut dire que Varela est relativement implanté et estimé (au moins) par le milieu professionnel dans notre pays. Dans cette longue nouvelle histoire, il convoque à la fois les origines de la marionnette bien connue de Carlo Collodi, mais il lui insuffle aussi une forte dose de La descente aux enfers de Dante Alighieri, tout en ajoutant une pincée de Fellini avec une tonalité Casanova romantique et sulfureuse, sans doute due à certains dialogues scabreux et aux nombreux passages d'époque dans la « sérénissime ». Quoi qu'il en soit, on est scotché par la maîtrise du déroulé de cette comédie, prise dans le sens antique, car il se joue des actes tout de même dramatiques. La sorcellerie, comme la magie, y sont d'ailleurs beaucoup conviées, dans un régal graphique de chaque instant. Les amateurs de la série Game of Throne se remémoreront sans doute le passage des « sans visages » lors de cette lecture à l'atmosphère très étrange mais belle. Si vous ne connaissez pas l'univers graphique magnifique de Lucas Varela, cet album superbement écrit est le moyen idéal pour le découvrir. Une réussite à tous les niveaux.