L'histoire :
Janis Joplin grandit dans la petite ville de Port Arthur au Texas, dans les années cinquante. La gamine comme les autres s'épanouit au sein d'une famille bien sous tous rapports, qui va à l'église tous les dimanches. C'est en grandissant un peu que la petite fille très sage et un peu rêveuse, qui aime dessiner et qui est persuadée qu'elle ne sait pas chanter, va développer un caractère rebelle. Des prises de position anti-racistes dans la salle de classe et elle va devenir une sorte de souffre-douleur. Traitée de grosse, elle va commencer à fréquenter les garçons un peu plus à la marge. Avec eux, elle se sent bien. Un voyage à Los Angeles va tout changer. Elle est censée y aller voir sa tante, mais elle va surtout y découvrir le milieu hippie, les soirées improvisées, les relations sexuelles débridées. Les années 60 ont changé les attitudes en Californie. Ce premier voyage va décider du cours de sa vie. De retour au Texas, elle va chanter un soir de réveillon, poussée par des amis musiciens qui lui trouvent une voix proche de Bessie Smith. S'exprimer devant des gens sera une révélation inattendue. A partir de là, tout va s'enchainer. Lors d'un voyage en Louisiane, elle voit un guitariste jouer Cross Road Blues de Robert Johnson. Elle en a le ras le bol des études à l'université au Texas. Finalement, elle part pour la Californie. Son premier contrat avec un groupe de musiciens déjà installés ne tardera pas.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En insistant sur les toutes jeunes années de Janis Joplin, du collège au départ vers Los Angeles, les auteurs nous font toucher du doigt la brièveté de sa carrière musicale. Inutile de rappeler que Janis fait partie du Club des 27, toutes ces stars mondiales de Jimi Hendrix à Amy Winehouse qui sont mortes à 27 ans. Robert Johnson faisait partie de ce cercle restreint d'artistes cultes, le bluesman disparu en 1938 qui donna envie de chanter à l'héroïne de cet album. Les pages sont denses, racontées à la première personne, ce qui donne une vraie proximité aux évènements. Janis est tout à fait crédible, attachante lorsqu'on comprend mieux son parcours fait de passion et d'envie de liberté. La drogue est évoquée sans complaisance, les addictions de l'artiste qui la conduiront à la mort avant la sortie du cultissime album Pearl sont décrites comme ravageuses, y compris dans son parcours artistique, avec des prestations scéniques dont elle-même n'était pas du tout satisfaite après coup. La carrière en tout cas est fascinante, la plongée dans la fin des années 60 est hallucinante, sans mauvais jeu de mots, tout cela est bien raconté dans des pages denses et fluides. Le travail d'Eric Puech au dessin est original, avec ses couleurs parfois étranges, mais qui ne détonnent pas avec l'époque. Ses personnages sont crédibles, il a bien capté le visage de son héroïne et la rend naturelle à tous les âges. La biographie est probablement assez libre, mais on a l'impression que l'essentiel est là, et surtout le chemin passionnant de cette courte vie. Et évidemment pour ceux, très nombreux, qui se demanderaient « mais elle chantait quoi, Janis Joplin ? », il suffit d'écouter Mercedes Benz et Summertime pour comprendre la fascination qu'a exercée cette artiste dès le début de sa carrière.