L'histoire :
Un homme, lunettes noires sur le nez, entre dans une station-service. Il s’approche d’un type qui est affalé sur une table et lui demande où est son frère, après l’avoir au préalable foutu par terre. L’information obtenue, Paul monte les escaliers et constate que Jean-Louie dort profondément. Il le réveille en tirant un coup de feu. Les deux hommes se connaissent bien pour avoir travaillé à plusieurs reprises ensemble. Paul est d’ailleurs là pour proposer à son ancien associé un braquage visiblement très fructueux. Jean-Louie prétexte être à la retraite et ne se décide pas. Charles, son frère qui a été rossé peu avant, vient de monter l’arme au poing. Il tire sur Paul au niveau de la tête. Afin d’éviter d’avoir les flics à l’arrière-train, les deux frangins quittent les lieux en voiture, en ayant au préalable vidé les poches de Paul des billets et du carnet expliquant le plan. Or Paul n’est pas mort. Il est juste blessé à la tête. Il fonce à la poursuite de Jean-Louie et de Charles. Ces derniers font une halte dans un petit restaurant du coin. Mais là-bas, d’autres ennuis les guettent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois la lecture de Castagne achevée, vous aurez le sentiment d’avoir découvert un auteur qui a tout pour être un futur grand. Isao Moutte navigue dans le 9ème art depuis maintenant quelques années. Plusieurs récits courts parus dans diverses revues et deux albums sortis depuis 2009, ont permis à ce nom franco-japonais de marquer le milieu de l’indé. Castagne est un polar rural dont l’action se situe vraisemblablement dans les années 70. Nous suivons le parcours de plusieurs gangsters cherchant avant tout à gagner de l’argent dans un braquage simple et juteux. Les qualités sont nombreuses tout du long des 112 pages. La narration est très efficace et la galerie de personnages, tous plus pourris les uns que les autres, sied à merveille au genre. L’histoire est menée tambour-battant, il n’y a véritablement aucun temps mort jusqu’à la dernière planche. L’autre point fort est assurément la qualité des dialogues. Isao Moutte a le don de rendre immersive son histoire et donner de véritables voix à ses gangsters de bas étage. Les amateurs du genre seront indéniablement comblés par ce titre racé et original. La partition graphique d’Isao Moutte est elle-aussi d’une grande efficacité, un peu comme si l’auteur faisait un grand-écart entre plusieurs influences franco-belges : entre des tronches « à la Fred » et une influence japonaise ! Le trait est d’une grande finesse, proche parfois d’un Junji Ito. En 2014, vous aviez adulé Moi, assassin d’Antonio Altarriba ? Préparez-vous à la même claque pour 2015 avec Castagne !