L'histoire :
Venise, juillet 1755. Giovan Battista Manuzzi, célèbre espion au service de l’Etat de Venise, enquête sur Giacomo Casanova. A partir de quelques livres retrouvés dans sa bibliothèque (La Clavicule de Salomon, Le livre du Zohar) et de légende (que lui-même entretenait espièglement), les inquisiteurs de Venise décident de son emprisonnement. Confiant dans sa bonne étoile, Casanova réfute alors les mises en gardes de son ami Matteo et de son protecteur Zanne Bragadin, qui lui conseillent de fuir Venise. Il ignore aussi un message d’une mystérieuse « amie » qui ne dit pas son nom… Pourtant, le 25 juillet à l’aube, il est arrêté par Mattio Varutti, chef de la police d’Etat, et conduit en prison, « sous les plombs », car située sous les toits en plomb du palais des Doges. A l’écart, sous une fournaise, dans la nuit la plus totale, Casanova se satisfait de son sort de manière détachée, attendant de pouvoir se défendre lors de son procès. Il ignore que de procès, il n’en sera pas question…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La vie de Casanova est une source inépuisable pour les artistes. Une vie d’amour, d’aventures, de magie, d’amitiés et de trahisons… Et voilà une nouvelle histoire, assez fidèlement inspirée de l’Histoire de ma fuite des Plombs, où l’on s’aperçoit que Kafka n’a pas tout inventé. Voilà donc l’histoire d’un homme-OVNI dans son temps. Libertin, libertaire, franc-maçon plus ou moins athée et versé comme ses frères dans la magie, fin diplomate, narrateur précis et inventif, comédien-né... cet homme-là dérange. Or étant donné qu'il entretient comme un vernis les légendes les plus rocambolesques sur sa personne, cela finit par se retourner (assez régulièrement) contre lui. Il va donc se retrouver près d’un an et demi dans une geôle de Venise, sans savoir pourquoi, comment, ni pour combien de temps. Cette intégrale regroupe les trois tomes publiés en 2004 et 2005 sous le titre Les plombs de Venise (chez Treize étrange). Patrick Mallet livre un huis clos oppressant, dérangeant où le Casanova naïf et enfantin fait peu à peu place à un homme qui accepte sa condition. Le trait rond et naïf (lui aussi), les couleurs chaudes, renforcent cette sensation paradoxale : on est dans un confort visuel et un grand inconfort sentimental. C’est une réussite et à la fois, on rechigne forcément à se laisser emporter, faute d'un manque d’histoire et d'un surplus d’introspection. Glénat fait bien de republier cette trilogie sous forme d’intégrale, car encore plus que Casanova, on a envie d’en sortir.