L'histoire :
Au large des côtes de Floride, un équipage de pirates s’empare du butin d’un galion espagnol. En particulier, c’est un trône en or qui fait l’objet de la principale attention des flibustiers. L’attaque n’est pas un fait du hasard et on les a justement payés cher pour qu’ils s’approprient ce fauteuil en métal précieux. Nos compères ont cependant peu de répit : quelques tonnelets de rhum ont raison de leur vigilance et ils sont eux même attaqués. C’est une rouquine qui leur subtilise à son tour ce trésor, en ayant pris soin auparavant de s’offrir la virilité du capitaine. Furieux, ce dernier ne compte pas en rester là. Il organise une expédition pour récupérer « son bien ». Néanmoins, Barrow, son second, profite de l’occasion pour organiser une mutinerie. Lors de l’abordage, il laisse son capitaine ainsi qu’Ed et Léonard, 2 matelots, se débrouiller seuls et donc se faire capturer. Les 3 hommes sont conduits sur une île où ils doivent prendre part au plumage des poulets, dont l’élevage constitue la première ressource du pays. Une nuit, ils parviennent à prendre la fuite en prenant en otage celle là-même qui les avait dépouillés du trésor, puis contraints à cette basse besogne. Gagnant la forêt, ils doivent rapidement se faire une raison : ils ne parviendront pas à s’en sortir seuls dans cette contrée inconnue. Aussi, après une rencontre avec quelques fantômes, ils se rangent à l’idée de rallier l’équipage de cette drôle de bonne femme au sang chaud. Il faudra néanmoins compter sur son paternel qui a de grands projets…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ah ! Ah ! Les revoilà nos pirates, nos balafrés au sang bouillant, nos tireurs de mousquets… nos plumeurs de poulets piégés sur une île. La revoilà cette boucanière aux formes dodues, au langage cru, à l’appétit sexuel vorace, aux veines gonflées de piraterie… Sonnés par leur apparition sous le crayon de Laureline Mattiusi, nous attendions avec fébrilité de connaitre les détours qu’allait bien pouvoir prendre leur pittoresque aventure. Crédible, ficelée comme il faut, à la fois originale et classique… ce n’est pour autant pas du coté de l’intrigue qu’il faut aller chercher les points. Non, l’effet jubilatoire du récit est avant tout affaire de casting, alimenté par la maitrise de dialogues savoureux. Du coup, c’est tellement bien fait, qu’il pourrait leur arriver à peu près n’importe quoi, qu’on s’en régalerait insatiablement. Dans ce final, c’est le paternel de notre rouquine piratesse qui se chargera de conclure les débats : trône en or, trahisons croisées, mais surtout petite leçon de valeurs es flibusterie et joli pied de nez pour mettre tout le monde d’accord. A nouveau le trait « nouvelle BD » qui alimente ce récit tend vers la simplicité doublée de fluidité : beaucoup de planches se passent allégrement de textes pour une narration d’une efficacité à faire pâlir les verbeux. On regrettera peut-être que cette efficacité s’opère au détriment d’un travail fouillé de chacune des cases : beaucoup d’entre elles ne sont que des cadrages serrés sur les protagonistes sans aucun décor (preuve supplémentaire de l’importance de ceux-ci). Quoi qu’il en soit, l’univers proposé ne déçoit pas, bien au contraire, au point d’espérer qu’il se décline indéfiniment.