L'histoire :
Au XVIIIe siècle, les falaises littorales de Moonfleet (Angleterre) subissent en permanence les fureurs météorologiques. Jadis, la famille Mohune, de terribles pirates, ont édifié une sombre réputation à la région, et d'aucun pensent que leurs fantômes, notamment celui de Barbe noire, habitent définitivement les lieux. Dans ce village portuaire, le jeune John Tranchard, orphelin, vit avec sa tante dans l'espoir d'aventures... et d'un baiser de Grace Maskew, la fille du juge local. Téméraire, il apprécie les sorties nocturnes, et notamment celles qui l'amènent à jouer à proximité du cimetière autour de l'église. Un jour, un véritable déluge s'abat sur la région, plusieurs jours durant. Moonfleet est inondé et les habitants se retrouvent plus que jamais à l'office religieux, pour exorciser leurs craintes. Des bruits sourds se font alors entendre en provenance des entrailles de la terre, où reposent les Mohune... On craint alors que la tempête ait réveillé les Mohune ! John aura bientôt l'occasion de contredire cette superstition : en passant par le cimetière, il tombe accidentellement dans une crevasse attenante à une tombe, engendrée par les ruissellements de l'eau. Dans la crypte inondée, les cercueils des Mohune s'entrechoquent les uns contre les autres dans de terribles fracas. John découvre également que l'endroit sert de planque aux contrebandiers locaux, parmi lesquels le tavernier Block qui vient d'enterrer son fils. Piégé à cet endroit, il en sera tiré après plusieurs jours avec un curieux parchemin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rarement une mode aura duré aussi longtemps : depuis de nombreux mois, la piraterie a le vent en poupe au sein du 9e art. Il n'y a donc rien d'illogique à découvrir déjà la seconde adaptation de Moonfleet, roman de JM Falkner (après la trilogie de Rodolphe et Dominique Hé, toujours en cours). Le récit original est toutefois plus proche de la quête initiatique que des abordages héroïques : à l'époque où se déroule cette aventure, le temps des flibustiers est révolu et surtout, 99% de l'histoire se déroule à terre, avec juste le parfum des embruns du littoral. Pour le dessinateur Marion Mousse (qui, contrairement à ce que n'indique pas son prénom, est un garçon), il s'agit même de la seconde adaptation d'une oeuvre littéraire (après la trilogie Frankenstein de Mary Shelley). Son noir et blanc « gothisant », aux traits épais, fortement encré, convient là encore parfaitement à l'atmosphère tourmentée de ce littoral inquiétant, hanté par les tempêtes et les fantômes. Le format d'édition, petit, carré et très épais (presque 200 pages), ne lui offre guère de fantaisie dans le découpage (avec une moyenne de 5 cases/page). Mousse cherche donc l'originalité à travers des cadrages novateurs ou des traitements artistiques, souvent à la limite du lisible. Or, toute respectueuse et maîtrisée qu'elle soit, l'adaptation scénaristique d'Igor Szalewa ne brille pas non plus par sa grande limpidité. Les dialogues sont certes emprunts d'un certain style littéraire, ils sont loin de fluidifier la narration. Ce one-shot au format « roman graphique » ravira donc essentiellement un lectorat plus exigeant, rompu aux standards grand-public.