L'histoire :
Il fait chaud. Le soleil tape son assourdissant tempo sous ce ciel d’Arizona. Et quelque part, engouffré entre les rocailles de Kumonga Falls, Ivan jure comme un charretier en donnant de grands coups de clef sur le moteur de la Treblinka de son paternel : elle a décidé ce jour-là de l’emmerder pour de bon. Pendant qu’il s’époumone, sa sœur Eva se prélasse sur une chaise longue, à l’ombre de la grosse caravane qui a épuisé la Treblinka : une raison supplémentaire pour énerver son frangin. Et puis il arrive. Chemise blanche, cravate, barbe naissante : le beau gosse se présente à Eva, assoiffé et perdu dans le désert depuis plus de 3 jours. Ivan devient alors immédiatement violent, imaginant déjà la culbute programmée par sa frangine avec le playboy. Peu importe les menaces de son frère, Eva offre son hospitalité dans la caravane autour d’un soda. L’inconnu se livre alors un peu, avant de sombrer dans une terrible et irréversible transformation... Qui est-il ? Il se nomme Henri Luxe-Butol. Il est le fils d’un puissant industriel pharmaceutique. Et avant de se retrouver en plein désert, il était raide dingue amoureux de la belle Tamara, une actrice porno en vogue. Il faut ajouter également qu’il avait participé à l’élaboration du procédé « Priaps » censé augmenter considérablement le volume du sexe masculin. Une découverte qu’il n’avait pas voulu partager avec le principal chercheur, William Machin. Justement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prenez un grand shaker jaune-orangé. Fourrez y pêle-mêle avec enthousiasme : un fils à papa beau-gosse pris de monstrueuses bouffées arachnéennes ; une formule scientifique pour faire gonfler les bistouquettes ; un pingouin extra-terrestre ; une actrice porno aux seins à en damner un (saint…) ; des scientifiques revanchards ; des militaires sensibles de la gâchette (au propre et au connoté) ; et un robot géant – à poils – aux formes plantureuses. Secouez le tout bien fort. Agitez à renforts de dialogues savoureusement imagés. Saupoudrez le tout d’une pincée d’hémoglobine, d’une belle dose d’absurde option jubilation et lâchez de la référence cinématographique à gogo… Vous obtiendrez ce cocktail détonnant génialement concocté par un Brüno en grande forme qui revisite, dans un hommage admiratif, le cinéma bis, la série Z ou la série B (comme ça vous plaira). Pour peu qu’on s’intéresse à ce registre, ou au moins qu’on soit d’accord pour tirer une bordée hors des sentiers battus, il est facile de s’approprier l’exercice. Simple plaisir jubilatoire à se laisser porter par l’univers foutraque à l’excès millimétré ? Frisoti cérébrale à retrouver les films gentiment (et amoureusement) « détournés » ? Ou addiction rapide à une galerie de personnages hauts en couleur ? Tout est prétexte, bien plus que « l’intrigue » en elle-même, pour se laisser happer par le rythme d’une narration brillante, sans prétention et dévouée à la cause du décomplexé. Le résultat est là : 150 pages jouissives à l’humour décalé. En tout cas parfait témoignage du grouillement nourrissant l’imaginaire et la créativité d’un auteur, dont chaque parcelle du talent offerte à notre boulimie, est un incroyable moment renouvelé. Un ouvrage à mettre entre les mains d’un public averti pour une virée pleine de tensions, de perles de sueurs, de drôles de créatures et de beaux nichons.