L'histoire :
Thomas Revanche, petites lunettes, costume cravate, cheveux gominés plaqués en arrière, a une double vie : d’un côté il travaille pour la plus grosse organisation patronale (le MODEF) et de l’autre il s’emploie secrètement à lutter brutalement contre l’injustice sociale. Pour une nouvelle mission, il fait appel à un costumier de théâtre afin qu’il lui confectionne un déguisement de Superman. « Revanche » doit se rendre à une convention de la BD américaine et japonaise pour y « démolir » un producteur de films véreux qui escroque des intermittents du spectacle. Après cette expédition punitive musclée, les flics débarquent. Revanche a juste le temps de s’enfuir dans une salle annexe où se réunit le club des fans (un peu ridicules) du super héros à collant bleu et slip rouge. Noyé dans la masse de « supermen », Revanche arrive à semer les forces de l’ordre. Malgré la violence de l’agression, le producteur peu scrupuleux ne porte pas plainte.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deuxième salve des aventures du « Robin des bois » social qui lutte contre des patrons sans scrupule, des esclavagistes modernes ou tout autre escroc du monde du travail. Cette fois-ci le « redresseur de torts » rend justice au-delà du monde de l’entreprise en s’attaquant en autre à un fabricant de prothèses mammaires frauduleuses, à un petit chef qui harcèle la gente féminine dans la police... Autant de scandales qui ne sont pas sans rappeler l’actualité des derniers mois. A l’instar de la dégradation des conditions de travail, la violence franchit un nouveau cap dans cet album : certains salariés se suicident au travail tandis que d’autres utilisent des solutions plus radicales pour se venger de ceux qui les font souffrir. Initialement pré-publiées dans l’Echo des savanes, ces 5 histoires portent un regard critique, féroce, sur le monde du travail. De manière engagée, parfois caricaturale, Jean-Christophe Chauzy (dessin) et Nicolas Pothier (scénariste), avec leur approche tragi-comique, dénoncent les dérives de l’ultra libéralisme et de la mondialisation. La lutte des classes a trouvé un nouveau héros en la personne de Revanche : un Dexter social qui n’hésite pas à faire justice lui-même. La patte graphique semi-réaliste et le trait vif de Chauzy sont rehaussés par de belles couleurs au lavis qui donnent un ensemble homogène pour ce récit sans concession.