L'histoire :
Ce soir-là, le détective Pat’Apouf décide de prendre un peu de bon temps : une virée en ville, un bon gueuleton et une toile. Il propose à son jeune complice Jacky de le retrouver au resto une heure plus tard. Mais au moment d’attraper sa veste, patatras : un de ses boutons de manchette lui reste dans la main. Ni une ni deux, il file chez le joaillier du coin pour en acheter une nouvelle paire. En vitrine, une merveille attire son œil : un bracelet de rubis et de diamants à faire pâlir un Maharadjah. Intrigué, Pat’Apouf s’enquiert de la sécurité. Le joaillier le rassure : une alarme est branchée en direct avec le poste de police du quartier. Satisfait, notre limier reprend sa route. Mais voilà qu’une coupure générale plonge le quartier dans le noir complet… Le lendemain matin, coup de bigophone : la bijouterie a été cambriolée pendant la panne. Sur place, Jacky repère du verre brisé et des tâches de sang. Pat’Apouf dégaine sa loupe et remarque que les filous portaient des gants en caoutchouc. Pas de doute : l’affaire est louche, et notre fin limier est bien décidé à tirer ça au clair.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album de 52 planches réunit deux aventures inédites de Pat’Apouf, exhumées des archives du Pèlerin magazine : Le sang mystérieux et Naufragé du Pacifique. Autrement dit, les épisodes J et K. On retrouve avec une certaine tendresse ce détective en complet veston, lancé en 1938 par Gervy – pseudonyme d’Yves-Desdemaines-Hugon, dessinateur girondin qui anima la série pendant plus de 40 ans. Pat’Apouf, c’est un morceau d’histoire de la bande dessinée française, une figure familière pour des milliers de lecteurs d’après-guerre. Aujourd’hui, son allure soignée, ses enquêtes au ton feutré, ses expressions surannées (« quelque chose me turlupine ») ont quelque chose de délicieusement vintage. Aux côtés du jeune Jacky, son compagnon d’enquête, Pat’Apouf évolue dans un monde où l’on dit encore « sapristi » et où les voleurs portent des gants en caoutchouc. Le dessin, typique des années 40-50, rappelle les premiers Spirou, avec ses trognes rondes, ses calembours bon enfant, ses « pif ! », « paf ! » et « boum ! » d’époque. C’est à la fois désuet, attendrissant et finalement instructif : on mesure tout le chemin parcouru par la bande dessinée en termes de narration, de rythme et de mise en scène. Une redécouverte patrimoniale pleine de charme.