L'histoire :
Le 11 avril 2008 à l’aube, un « touriste américain en costume » est retrouvé mort sur la plage d’Omaha Beach, d’une manière pour le moins originale : sa tête écrasée par un Range Rover. Journaliste local, Jean Fanal offre aux gendarmes un indice encore plus curieux : il n’y a pas de traces de roues pour ce véhicule. Comme si la voiture lui était tombée du ciel, sur le crâne. Quelques minutes plus tard, Jean découvre le mobile-home de son père, Serge – un solitaire – complètement dévasté… et son père a disparu. Dès lors, le journaliste mène sa petite enquête, parallèlement à celle des forces de l’ordre. Alvin Couthier, le médecin légiste – un ami de Jean – lui lâche notamment des infos ahurissantes. Le macchabée n’était sans doute pas humain : un colosse de plus de mètres, avec des cicatrices partout et… une peau qui résistait à son scalpel ! Et ce macchabée est le quatrième de ce type à peupler sa morgue depuis un mois. Le lendemain, Alvin est retrouvé mort noyé dans les eaux du port de Caen. Les gendarmes veulent interroger Jean, le dernier à lui avoir parlé, selon son téléphone portable. Mais Jean prend la fuite… et il est aussitôt attrapé par des colosses américains en costumes noirs, commandés par un balafré en fauteuil roulant. Celui-ci fait encore d’incroyables révélations à Jean…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Edité par les normandes éditions Vagabondages, cet épisode pilote de Private liberty dévoile un scénario mi-figue mi-raisin. En effet, d’un côté le pitch est piquant, l’idée directrice se révèle progressivement aussi originale qu’intrigante. Le mythe du super-héros est ici revisité à l’aune de la seconde guerre mondiale, mais à notre époque contemporaine. On est désormais très curieux de découvrir comment cela va se poursuivre (deux autres tomes sont au programme : La serrure et la clenche puis Les douze primitifs). D’un autre côté, le scénario de Nerac, aidé par Jean-Blaise Djian, s’articule parfois de manière un brin laborieuse et la psychologie des personnages n’est pas tout à fait crédible. Que le personnage principal mette la quarantaine bien tassée pour découvrir sa nature et celle de son père, on n’y croit pas une seconde. Et certains dialogues, prolixes et travaillés, semblent peu naturels. Si on passe outre ces remarques, on se laisse néanmoins embarquer par la montée en tensions et le spectacle de ce thriller fantastique. D’autant que les encrages réalistes de Cyrille Ternon, déjà compère de Djian sur Silien Melville, sont eux aussi particulièrement chiadés. En constants progrès, le dessinateur s’épanouit vraiment dans la veine claire-obscure, mais trouve toujours ses limites dans certaines postures figées. La colorisation ocre-glauque sur-contrastée de Kanigaro termine de nous immerger dans un climat d’angoisse quelque peu surnaturel (ça tombe bien).