L'histoire :
Des bluesmen et blueswomen, blancs et noirs, rednecks et distingués, d’aujourd’hui et d’hier, avec leurs instruments, guitares, banjos, pianos, micros, saxos, contrebasses et trompettes. Mais aussi des stars du registre : Tom Waits, Nick Cave, Jimmy Hendricks, Aretha Franklin, Martin Harley… Des ambiances issues de la culture noire américaine… Et puis soudain, des toits parisiens, des perspectives verticales fuyantes pleines de zinc et de cheminées… Des ambiances crépusculaires sur les ponts de différents navires de pêche, où les ciels tourmentés se mêlent aux vagues. Des paysages enneigés, sauvage ou urbains, avec ou sans loup. Et puis New York : ses panneaux d’indication avec les vieux immeubles derrière, ses ruelles étroites et sombres, ses escaliers de secours, ses réservoir anti-incendie haut-perchés, des bouts de trottoir, des passages piétons, des bouches de métro… Mais aussi Jacques Tati, Mickey Mouse, Lucky Luke, Spiderman, Corto Maltèse… Des intérieurs de musée, de troquets, des cages d’escaliers parisiens… Des ouvertures d'appartements, avec chats devant… Et des centaines de portraits d’anonymes esquissés. Sans oublier une rétrospective des œuvres notables de Chabouté.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est beau. Vindju, qu’c’est beau. Christophe Chabouté fait partie de ces artistes qui n’ont pas besoin de prétexte pour empoigner leurs crayons. Le désir de cerner une émotion instantanée suffit, qu’elle appartienne au souffle homérique de « ceux qui vont sur la mer », aux ambiances enfumées d’une salle de blues noire américaine, au mystère envoûtant des architectures new-yorkaises ou à une madeleine de Proust d’enfance comme Mickey ou Lucky Luke. L'ancienne compagne de Christophe Chabouté, à qui est revenue la tâche ardue de commenter de-ci-de-là cet épais recueil de dessins en noir et blanc, le précise dès le premier commentaire : l’exercice est irréalisable, les mots deviennent impossibles. De même, CharElie Couture, à qui a incombé la charge de rédiger une préface (et une sacrément belle !), insiste sur la dérision des mots face à l’émotion que suscitent les dessins de Chabouté. Ils figent tous un instant d’une incroyable vérité, aussi essentielle que sans importance, selon des thématiques variées et chères à l’artiste. A travers un art consommé du clair-obscur, le désir de retranscrire l’essentiel prime sur la tentation de séduire. Et toujours ce parfum aigre-doux de plénitude, de nostalgie, de solitude, qui donne le sentiment que le monde nous appartient. Une sacrée belle collection de dessins, réalisée en concertation avec la galerie Huberty & Breyne, qui ont rudement bien fait de sortir tout cela de ses Fonds de tiroirs.