L'histoire :
La Terre est à vendre ! L’annonce passée aux quatre coins de l’univers, un extraterrestre débarque pour procéder à son acquisition. Néanmoins, avant de signer l’acte de vente, il souhaite faire le tour du propriétaire. Rien de plus naturel que d’effectuer un état des lieux ! Les autorités terriennes dépêchent à son service l’agent immobilier Sullivan Vilette, expert en la matière. Un hélicoptère est mis à leur disposition. Mais l’extraterrestre exige d’accomplir le voyage à cheval. Le client est roi. Contrarié par le temps demandé, Sullivan accepte, contraint. Et voilà les deux compagnons partis, au pas, pour une sacrée balade ! Equipés de micros, leur périple est radiodiffusé. Chacun peut ainsi, depuis chez lui, sur toute la planète, suivre en direct l’avancée des aventuriers. Un feuilleton offrant une agréable récréation dans un quotidien pas toujours rose (…). Les premiers paysages traversés offrent l’horizon à perte de vue. Tout juste une forêt d’arbres géants visitée. Puis un arrêt à l’ombre d’un pommier afin d’en cueillir quelques fruits. Un acte imprudent qui cause la colère du propriétaire… armé d’un fusil ! Et Sullivan d’expliquer à son client, qu’en dépit de « guéguerres » regrettables – mentionnées dans l’acte de vente – il réaliserait tout de même par son achat, une belle affaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réédition en format ramassé, N/B et intégral d’un titre paru en 2003. Balade balade part d’une idée lumineuse : la mise en vente de notre planète à un extraterrestre venu en visite avant de l’acheter. Une mise en situation réussie en quelques planches d’entrée, suscitant d’emblée le plus grand intérêt de la part de son lecteur. L’occasion d’embarquer à la suite des deux héros pour un périple à dos de cheval, au travers de paysages terrestres réinventés par l’auteur. Un voyage poétique et rêveur, comme de bien entendu, quand on connaît l’auteur. Kokor – reconnu aujourd’hui pour les Voyages du docteur Gulliver – offrait déjà à l’époque une propension évidente à l’évasion d’une réalité empêtrée dans un quotidien souvent « alimentaire ». Friand de bons mots et d’aventures rocambolesques (inspirées des contes et histoires de l’enfance), Kokor imagine une quête parsemée de rencontres étonnantes (par exemple, des routiers en grève fans du dictionnaire ! ou les fantômes d’un château mobile…) et de mystère. Un mystère qui s’épaissit, pages après pages, au point de perdre malheureusement son lecteur en conjectures. Kokor est en effet parfois difficile à suivre. Humble dans son approche des choses (à l’instar de l’agent Sullivan reconnaissant son ignorance face aux origines de têtes semblables à celles de l’île de Pâques), l’homme possède en tout cas le coup de crayon facile et délayé qui sied à son propos. Un trait élégant souffrant malheureusement, au fil des planches, du même mal que l’intrigue : emporté par le rêve ! Si l’introduction était un trésor du genre, la conclusion nous laisse, elle, sur notre faim. Dommage pour un album invitant au grand air sous les dehors d’une belle couverture bleu horizon.