L'histoire :
Après une longue et rigoureuse thérapie de plus de 10 ans, Daniel Daremberg sort enfin de l’asile psychiatrique. Mais à peine est-il dans son appartement, qu’il rechute violemment, persuadé d’être harcelé par des chimères. Lorsque son médecin, Lydie Huygens le récupère, son corps laisse même apparaître d’étranges stigmates : mains brûlées et dos lacéré de coups de fouet. Dans son imaginaire, Daniel est un faune, en proie à des êtres démoniaques, tantôt humains, tantôt monstrueux. Le Dr. Huygens tente alors une ultime expérience. Elle l’emmène dans sa maison en Bretagne, pour le changer radicalement d’air. Tout semble aller pour le mieux, lorsque des hommes encerclent la maison. D’autres, habillés en hommes-grenouilles, sortent du rivage ! Acculé, Daniel décide alors d’affronter ces êtres dans son monde intérieur, revêtant pour cela la tenue du héros mythologique Bellérophon. Tandis que le combat terrifiant s’enclenche, de terribles souvenirs d’enfance remontent de son inconscient. L’électrochoc salvateur est en train de se produire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis deux tomes, le héros Daniel était la proie de démons intérieurs prenant la forme de créatures issues de diverses mythologies (notamment celtique et grecque). Au terme de ce voyage aux confins de l’ésotérisme, proposant un éventail chamarré de séquences féeriques et fantastiques, cet ultime volet se consacre quasi exclusivement à un dénouement magistral et étonnamment cartésien ! En virtuose inspiré, le scénariste Thomas Mosdi s’applique à reconstituer un à un les morceaux d’un puzzle psychiatrique véritablement scotchant. La chose paraissait pourtant impossible à ce point du récit ; tout est désormais expliqué, de manière limpide et dramatique. Au terme de la lecture, on comprend alors que cette trilogie est une brillante introspection au cœur d’une psychose hélas tout à fait crédible (et un peu sordide). Cerise sur le gâteau : pour les passionnés, les auteurs révèlent l’intégralité de leurs sources bibliographiques et de la documentation visuelle ayant inspiré leur œuvre. Un léger bémol : au fil de ces 3 albums, la qualité du dessin est inversement proportionnelle à celle de la narration. Quel dommage que Joseph Béhé n’ait pas apporté la même minutie aux deux derniers volets de la trilogie qu’au tout premier tome, véritablement divin ! N’ayons pas la dent trop dure, le travail graphique reste néanmoins de qualité, suivant une esthétique ocre et « mouchetée » propre à Béhé (cf. le Décalogue T.1 ou Le légataire). Une conclusion saisissante et accomplie, à réserver toutefois à un public averti…