L'histoire :
Un jeune homme d'à peine vingt ans embarque clandestinement sur un cargo à destination des Etats Unis, après un été passé sur la côte Atlantique avec des copains. Voilà le souvenir qu'a laissé Geronimo à ses anciens amis français, qui n'ont plus eu de nouvelles pendant des années. Mais à bord du cargo, rien ne se passe comme prévu pour le clandestin. Le bateau accoste en fait en Guyane, et c'est au large de Cayenne que Geronimo plonge dans l'eau pour échapper à la police. Quelques semaines passent, consacrées à la survie dans un abri de bois au cœur de la forêt. Sans papier, sans identité, le jeune homme insouciant prend la vie comme elle vient, en marge de la société. Un soir, il assiste à une altercation violente à la sortie d'un bar de la ville. Il porte alors secours au conducteur d'une voiture qui s'est fait tabasser. Il emmène ensuite le dénommé Manu dans son abri en forêt, ce dernier refusant d'être déposé dans un hôpital. L'inconnu lui confie sa carte bancaire pour aller en ville chercher des vivres et des médicaments. A son retour, Geronimo réalise qu'il est trop tard pour secourir Manu. Un plan imprévu mais pourtant évident s'impose à lui...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Etienne Davodeau signe avec ce nouvel album une sorte de road-movie aux ressorts initiaux improbables, à travers la trajectoire du dénommé Geronimo en Guyane et à Paris. Le cœur de son album étant une forme de déracinement de son héros, les pérégrinations à travers deux continents semblent un long préambule pour aboutir aux moments les plus intenses de son récit lorsqu'il revient en France. Passé cette étape exotique, on retrouve donc le scénariste qui aime les personnages humains et imparfaits, touchants et authentiques. A ce titre, les échanges avec Eugénie donnent lieu aux pages les plus réussies de l'album, tout comme une très belle case du héros, seul au milieu des rayons yaourts dans un supermarché breton. Le duo formé avec Joub est très juste et équilibré, le dessinateur proposant de nombreuses images muettes assez jolies dans leur mise en couleurs directes. L'ensemble de l'album est néanmoins réalisé dans un style graphique simple, avec des personnages aux expressions souvent esquissées. Une rapidité qui ne nuit pas à la densité du récit, le trait de Joub devenant ici plus semi-réaliste que dans ses précédents travaux. Ce one-shot est d'ailleurs un nouveau développement sur la base des personnages déjà rencontrés dans les trois tomes de la série Geronimo publiée chez Dupuis entre 2007 et 2010. Mais la lecture de ce premier triptyque, qui relate la rencontre de la bande de copains, n'est en aucun cas requise pour apprécier ce long récit. Tout juste ce nouvel album donnera-t-il envie au lecteur d'aller voir comment le passé de Geronimo, Benji et les autres s'est construit.