L'histoire :
Lorsqu'il est réveillé en plein milieu de la nuit par un coup de fil de son ami Léo, en panne de voiture à une heure de là, Raphaël n'a pas vraiment envie d'aller le dépanner. Il est deux heures du matin, il devra se lever pour aller bosser dans quelques heures, vraiment pas possible. Pourquoi n'appelle-t-l pas plutôt un dépanneur, d'ailleurs, cet égoïste de Léo ? Les assurances sont là pour ça après tout ! Mais Helen, qui dort à coté de Raphaël, ne l'entend pas de cette oreille. Un ami qui appelle à deux heures du matin, c'est qu'il a besoin qu'on y aille, ça ne se discute pas. On ne cherche pas à comprendre pourquoi il n'appelle pas une dépanneuse, on y va. Raphaël se laisse donc convaincre et prend la route, finalement fier d'aller tirer son vieil ami de la panade. Mais lorsqu'il arrive sur place, il s'aperçoit qu'il n'est pas le seul à venir dépanner Léo. Une longue discussion avec Léo et ses autres amis s'engage au milieu de la nuit, au bord d'une route nationale. Débute alors pour Raphaël une recherche personnelle pour savoir qui sont ses vrais amis, comment il pourrait être certain de pouvoir compter sur eux s'il en avait besoin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À l’occasion de la sortie en fin d’année du film L’Invitation (avec Nicolas Bedos dans le rôle principal), les éditions Vents d'Ouest rééditent cet album paru en 2010. Jim nous surprenait alors (encore !) avec un scénario original, bourré d'interrogations sur les relations entre les hommes et les femmes. A mille lieues de la facilité (apparente) des albums à succès qu'il publie dans un registre humoristique, il démontre que son sens de l'observation au quotidien sait débusquer l'émotion, et mettre en avant la fragilité des liens qui unissent ses personnages. Le ton est ici plus léger que dans Petites Eclipses, qu'il a réalisé avec le dessinateur Fane, tout en restant dans la thématique d'une bande d'amis qui tournent autour de la trentaine. Succession de conversations parfaitement rythmées, l'album se lit comme une tranche de vie, invitant le lecteur au sein d'un groupe d'amis qui semblent rapidement familiers. A travers un découpage maîtrisé, les pages défilent remarquablement. On se laisse prendre au jeu de ces jeunes hommes qui cherchent tous à se prouver quelque chose. Sans limite de pagination, l'album utilise abondamment les cases silencieuses qui provoquent la réflexion et la mise en avant des sentiments des personnages (trois pages de travelling silencieux en guise d'ouverture, avant que le téléphone ne sonne, quel luxe !). Le dessinateur Dominique Mermoux réalise un travail superbe de mise en image, dans un style assez éloigné de celui de Fane et Jim sur Petites Eclipses et donne une véritable dimension supplémentaire à l'album. Les paysages de nuit, comme les scènes en appartement, sont impeccables de maîtrise, offrant un spectre de couleurs douces qui conviennent à la douce amertume qui se dégage du récit. Un très bel album qui sort des sentiers battus, et se referme avec un sourire aux lèvres. On attend de voir ce que cela peut donner en film...