L'histoire :
La veille du 14 juillet, le vieil Emile s’effondre mort, à peine entré dans le bar du village de St-Simon. Ses derniers mots étant pour réclamer la « désencraudeuse », une guérisseuse qui soigne les maux de nombreux villageois. Cette femme aux pouvoirs étranges, qui se fait appeler la Mamé, distribue de nombreux remèdes et potions aux habitants de la petite communauté. Olivier, fils d'Emile, revient de la capitale pour assister à l'enterrement de son père. Il laisse entendre à tous ceux qui lui prêtent l'oreille, la haine qu'il vouait à son père, responsable à ses yeux de la mort de sa mère. Le retour d'Olivier et le bal du 14 juillet sont alors l'occasion pour le petit village de faire resurgir des secrets et des tromperies, de révéler le rôle que la guérisseuse joue dans chacune de leurs vies. La tension s'accentue au fil des révélations, alors que la mystérieuse Mamé n'a pas donné signe de vie depuis plusieurs jours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Séverine Lambour et Benoit Springer signent ici un bel album, qui dépeint de manière crédible et réaliste les mystères qui peuvent se nouer au cœur d'un petit village de la France profonde. Aucun cliché dans cet album très mûr et équilibré, les personnages sont consistants et entiers, les caractères trempés et réalistes, les désirs cachés proches de la réalité. La tension que les auteurs installent est perceptible dès les premières pages, avec les regards en coin des femmes du village à l'enterrement d'Emile, ou la dureté des visages qui se croisent. Le scénario de Sévérine Lambour est illustré par le trait original et faussement rapide de Benoit Springer, dont la subtilité et la précision se révèlent à chaque portrait, à chaque regard silencieux. Son dessin est ici plus aéré et fluide que dans Les Funérailles de Luce, ce qui devrait faciliter l'accès du public à cet album mis en valeur par l'éditeur à travers un beau grand format sous jaquette. Une grande maitrise également du découpage, qui malgré la contrainte des 48 pages (l'album était prévue à l'origine en 54) organise une progression parfaite et fluide vers un dénouement étonnant. Séverine Lambour assure également les très belles couleurs de l'album, simples et tranchées sous un ciel bleu omniprésent, qui complètent de manière remarquable l'ambiance tendue de cette chronique provinciale. Une réussite simple et efficace, qui confirme le talent de ces deux auteurs dont le nom s'impose petit à petit dans le monde de la BD.