L'histoire :
Jean, un jeune homme de notre époque, avec des idées de gauche, passablement sans emploi, se pose durablement des questions sur la société dans laquelle il évolue. Il trouve que son entourage se « droitise » insidieusement et se demande s’il est encore possible de penser autrement en vieillissant. Il a vaguement l’idée de monter une radio associative, sur le web, lorsqu’une vieille connaissance de la fac lui propose un tout autre job. Joaquim est en effet en train de monter une web-TV et il veut que Jean bosse pour lui : il se souvient de son activisme militant, limite anarchiste et il veut du pur, du vrai, des tripes et il se souvient que Jean savait y faire pour recueillir ça. Il lui laisse une caméra numérique et lui donne une semaine pour récolter des témoignages vécus de différents avis engagés sur la société actuelle. Jean est aux anges et il brosse une liste de 4 profils à interviewer : un altermondialiste, un socialiste, un centriste et un UMP. Dubitative, sa copine Elise lui fait se poser des questions, mais c’est trop tard il est pris au piège. Le lendemain, il se fait conduire par l’oncle Henri (de droite) chez son vieux pote Fifrelin (de gauche) et commence ses petits films…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et vous, vous savez ce que ça veut dire, « être socialiste » ? Le petit héros imaginé par Jim, lui, se pose des questions… Il est, au début de l’histoire, persuadé d’en trouver plein, des socialistes, afin de nourrir son reportage sur les composantes de la société française. La majorité des protagonistes rencontrés au fil de l’histoire ont certes des convictions, des velléités de révoltes, des mépris ou critiques à l’encontre de « l’adversaire politique », mais aucun ne peut réellement convenir au statut de socialiste. Il se rend compte que, finalement, la conscience politique est quelque chose de très souple, en fonction du statut social, de l’âge… et surtout que la renonciation citoyenne (tous pourris !) est le grand mal en vogue. A travers ces pérégrinations humoristiques et sociales, Jim nous pose des questions essentielles, qui incitent à l’implication, sans jamais essayer de nous asséner une quelconque idéologie. Les avis recueillis sont pléthores et ne révolutionnent certes pas les discours, mais le récit finit par faire un topo assez complet des sujets actuellement sur le tapis, qui font au final que notre communauté humaine évolue. Cette quête de sens accorde en outre un écho à l’image médiatique actuelle du PS : le héros en vient à considérer le socialisme au mieux comme une utopie de plus en plus éloignée du contexte, au pire comme un concept trop désuet pour séduire. Ce faisant, Jim, l’auteur prolifique des petits travers humoristiques « faciles » (La honte, L’amour, Ttous les défauts…) ou encore de Yiu, Reign (sous son pseudo de Téhy) accroche un registre d’écriture plus « adulte ».