L'histoire :
Il est en retard, Gérard ! Juste le temps de sauter dans un pantalon sur le perron, pour rejoindre un rendez-vous super important : une rencontre professionnelle avec la belle Florence. Et pour être totalement franc, l’aspect professionnel lui importe peu. Depuis qu’il la connait, il ne pense qu’à elle. Serait-elle la femme de sa vie ? Ne pas s’emballer. Surtout ne pas s’emballer. Car depuis des lustres, celles qui l’attirent (en général celles pourvues d’une généreuse poitrine) ont du mal à vire avec lui et vice versa. L’équation est simple. Gérard l’a résolue depuis longtemps. Femme mystérieuse + belle + attirante = femme chiante à tous les coups. Difficile, pourtant, quand il la voit arriver à leur rendez-vous, de ne pas fondre littéralement. Mais il ne faut surtout pas s’emballer... D’autant que la route est encore longue et sinueuse, s’il veut vraiment qu’elle devienne la femme de sa vie. Surtout quand, comme lui, on ne sait pas comment faire pour lui plaire, qu’elle ait envie de le revoir et tout et tout… S’éclipser aux toilettes pour passer un coup de fil à son ex pour recueillir des conseils précieux n’est peut-être pas non plus la meilleure des idées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le bonhomme s’appelle Latuile, Gérard Latuile, digne rejeton d’un Pierre Richard dans lequel un Jean-Paul Rouvre aurait maladroitement glissé quelques gènes. Science de la loose, timidité, manque de confiance, petits bobos à tendances psychosomatiques, maladresse et belle dose de sensibilité construisent gentiment son quotidien. Et pour ce qui nous occupe dans ce premier tome, ils cimentent en tout cas sa difficile relation avec le sexe opposé. Car notre bougre voudrait bien accrocher une conquête à son cou. Qui plus est, depuis qu’une belle à croquer – Florence – s’est mise sur son chemin pour lui faire oublier que taille et forme des nénés n’étaient pas un critère absolu (ah bon ?). En 4 chapitres, nous voilà vissés à cette relation naissante étrillant avec humour et auto-dérision (ah oui, là, monsieur, ça sent le vécu !) balbutiements, premier baiser, annonce à la famille et premier repas avec les rejetons de la dulcinée. On s’amuse assez facilement des déconvenues de ce raide-amoureux maladroit, même s’il faut reconnaître que le sujet a déjà fait l’objet de plusieurs exercices plus ou moins réussis. A l’inverse, ce qui offre ici une bonne dose d’intérêt, c’est la forme narrative choisie : les interpellations récurrentes aux lecteurs, la mise en scène des personnages qui peuplent l’imaginaire de Latuile, ou celle de ses luttes intérieures, nous rendent totalement et judicieusement complices de l’histoire qui se noue. Au final, difficile de ne pas se retrouver à un moment ou un autre dans ce grand dadais là. La spontanéité du dessin emballe, pour sa part, convenablement l’affaire, en captant très justement tout autant les propensions gaguesques du personnage que son côté touchant.