L'histoire :
Sophie, 4 ans, est éduquée au sein d’une famille très riche du second empire. Elle vit au sein d’un magnifique château et se trouve entourée de domestiques et d’autres enfants, dont son inséparable cousin Paul. Ce jour-là, elle amène sa bonne dans sa chambre, avec un enthousiasme débridé : elle lui montre la splendide poupée de cire que son papa lui a envoyée de Paris. Paul est circonspect : il connait bien Sophie et sa maladresse légendaire et il craint qu’elle ne la casse. Sophie le rassure et pose précautionneusement sa poupée sur le rebord de la fenêtre, pour qu’elle se repose au soleil. Puis elle s’en va jouer avec Camille et Madeleine, des petites amies elles aussi issues de la haute. Cependant, lorsqu’elle veut leur montrer sa jolie poupée, Sophie est catastrophée : la poupée est devenue aveugle ! La chaleur du soleil a en réalité fait fondre la cire, qui a avalé ses yeux et la poupée est défigurée. Heureusement, avec un peu d’eau bouillante, du fil et une aiguille, sa maman bienveillante parvient à « réparer » le jouet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le célèbre recueil de nouvelles écrites par la Comtesse de Ségur (initialement publié en 1859) a déjà connu plusieurs adaptations en BD (et même une parodie érotique !). La plus récente et la plus célèbre, par Jean-Claude Lowenthal et Louis-Michel Carpentier, a même périclité en série sur 10 tomes dans les années 80 (chez Casterman). Coucou revoilà l’infernale gamine et ses grosses sottises, ici scénarisées par Max l’Hermenier et dessinées par Manboou. Pas grand-chose à dire sur le travail d’adaptation du premier, si ce n’est reconnaître la fidélité à une œuvre moraliste et totalement désuète. Aujourd’hui, le discours de ces historiettes vaut surtout pour son étude de société et… les leçons, de bon sens, demeurent tout de même globalement efficientes et intemporelles. Les enfants, merci d’être obéissants, de ne jamais mentir, vous goinfrer, ni brutaliser les autres, sinon vous vous en mordrez les doigts. Sérieuse avec son style manga-typé – grands yeux, lignes de fuite, trames de points – la partition graphique de Manbouu est sans doute également aussi dans l’air du temps. Elle ravira les petites lectrices par ses belles robes aux motifs brodés (merci les textures) et agacera peut-être les parents par une utilisation abusive des teintes mauves-violettes. Les trentenaires et quadra d’aujourd’hui auront aussi comme l’impression de lire Candy…