L'histoire :
Retenu dans une grande bâtisse isolée, un homme alité réussit à s'échapper. Vêtu d'une blouse et d'un blouson en cuir, il se rend en ville chez une femme, surprise de le voir. Le temps de prendre une douche et quelques vêtements, il s'aperçoit que celle-ci passe un coup de téléphone. Sans plus attendre, il part en prenant soin d'emporter au préalable une arme à feu, située dans un tiroir. En fuite, il se met à faire du stop au bord de la route. Un van s'arrête. Un couple lui demande où il souhaite être déposé. L'individu sort de son mutisme en montrant son pistolet. Il ne veut pas aller où il y a du monde : ni gare, ni autoroute, il va les guider. Sans paniquer, le mari accepte et tente de détendre l'atmosphère en racontant quelques blagues... sans effet. La nuit venue, l'homme armé enferme le couple dans la tente de camping. Les jours passent, le mystérieux individu commence à lâcher quelques informations. Il connaît des secrets qui, d'après lui, mettraient leur sécurité en jeu. Le couple ne sait pas s'il dit la vérité ou s'il est simplement fou...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après l'intermédiaire Fables amères, Christophe Chabouté revient au récit au long court avec Les princesses aussi vont au petit coin. Son récit débute par plusieurs pages silencieuses, rappelant immédiatement que l'auteur a une grande maîtrise de la narration. Après les aquatiques Tout seul et Terre Neuvas, le récit se déroule cette fois sur la terre ferme. Un type s'enfuit d'un lieu mystérieux (un asile ? une maison abandonnée ?) et prend un couple en otage. Il les force à le conduire où bon lui semble, leur laissant entendre qu'il connaît un secret mettant en péril leur sécurité. Puis, petit à petit, le thriller aux formes classiques prend une tournure plus imprévisible. Les personnages sont bien exploités, avec un accent porté sur le couple. Ceux-ci ont tout abandonné pour profiter de la vie et ne considèrent donc pas leur kidnappeur comme une véritable menace. La tournure sociale est intelligemment amenée et les dialogues bien fichus. L'alternance de passages silencieux et d'autres plus bavards permet à Chabouté d'installer une ambiance oppressante, mais jamais étouffante. La conclusion est elle aussi bien trouvée et risque de surprendre plus d'un lecteur. Evidemment, l'album bénéficie en outre d'une application graphique de la part de l'auteur. Les encrages prononcés de Chabouté demeurent d'une finesse et d'une précision redoutables. Un thriller efficace.