L'histoire :
Un beau jour de fin d’été. Un vent absent, une houle aux clapotis légers, nul nuage ou presque. La famille Gulliver profite du soleil sur la plage. Lemuel joue avec son jeune fils Jules au volant. Quand maman appelle à table. Cela tombe bien : le dernier volant vient d’être emporté par la mer. Le docteur a encore été un instant absent, dans la lune comme on dit. Il en convient. Pourtant, hors de question d’aller repêcher les volants au large, un banc de requins a été aperçu dernièrement, qui séjournait dans la baie. Trop dangereux ! Clémence y voit aussi une excuse à son mari pour se défiler. Celui-ci lui doit une revanche. Et elle s’entraine dur pour réussir à le battre (…). La petite Lucy, elle, trouve son plaisir ailleurs. Ce qu’elle aime, c’est gambader à genou sur le sable. Régulièrement, il faut aller la récupérer avant qu’elle n’atteigne la mer. Et c’est justement en allant la chercher que Lemuel récupère un volant échoué. Un volant qui ne paraît pas être des leurs. Et alors que la partie s’engage, une autre se déroule en ville, plus machiavélique et cruelle, en réaction au Mouvement Pacifique Contre l’Oppression (MPCO)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un drôle d’album que voilà. Une des clés de lecture est donnée en fin, rappelant qu’en introduction comme en conclusion, les mots s’inspirent de la chanson bien connue Imagine de John Lennon. Un drôle d’album donc, mais un bel album, d’une série éditée précautionneusement dans la collection Equinoxe. Ce livre 3 des Voyages du docteur Gulliver (librement adapté de l’œuvre originale de Jonathan Swift) présente une couverture d’automne et pourtant, c’est une ambiance colorée bleue et ensoleillée qui habite ces pages. Deux fils directeurs, deux théâtres d’opération : une partie de badminton en famille sur la plage d’une part, un jeu de dupe, cruel et machiavélique sur l’échiquier politique des puissants en ville, de l’autre. A l’instar de son héros, Kokor invite son lecteur à l’oisiveté rêveuse. Vivre de rêve, d’amour et d’eau fraîche, voici qui pourrait résumer un aspect de l’album. La narration simple et « manichéenne » – au sens partagé du terme – jamais ne s’emballe et se termine comme elle a commencé, en toute quiétude. On plane, au final. Peut-être trop pour passionner ; assez pour titiller notre curiosité. Surtout que les planches sont belles, la composition soignée. Le trait est élancé, délayé et un rien caricatural, scrupuleux néanmoins des justes proportions et du réel. La mise en couleur classique offre une large palette de tons comme d’émotions, à dominantes sable et bleu. De fait, la couverture semble dire quelque chose de l’album : quelque chose d’un été indien – d’un essentiel – à savourer et préserver…