L'histoire :
Par une journée ensoleillée d’automne, la belle Cathy Gatling arrive à Providence, petite bourgade forestière, officiellement pour l’évaluation notariale des biens du vieux Spencer défunt. Elle fait connaissance du shérif Stuart, un honnête homme, solide et charmant, qui tombe immédiatement amoureux d’elle. En lui faisant visiter le coin, il l’emmène sur les lieux du « drame ». Car Spencer est mort dans des circonstances étranges : barricadé chez lui, il a eu le temps, avant d’être étripé, de tirer deux coup de chevrotines sur un mystérieux agresseur… qui n’a pas laissé une goutte de sang. Ce meurtre est d’autant plus inexplicable, que les trois vaches de Spencer ont également été éventrées, et une se trouve à présent déchiquetée dans un arbre, à 3 mètres au dessus du sol ! Cathy présage que sa présence dans la ville risque de durer plus longtemps que prévue, à la grande joie de Stuart qui lui propose d’être sa cavalière au bal de l’automne. Mais d’autres meurtres hallucinants suivent la mort de Spencer. L’efficacité de Stuart à résoudre cette énigme est alors remise en cause par la population…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce premier volet de Lune d’argent sur Providence, Eric Herenguel renoue avec le western (après la série steampunk Edward John Trelawney), sa passion de gosse. Il y mêle cette fois l’univers du fantastique, version kabbale et gros monstres poilus, et livre au final un récit surprenant, plus proche d’Une nuit en enfer (le film de Rodriguez) que des Mystères de l’ouest. Dès l’entame de la lecture, attendez-vous à une véritable baffe visuelle. Le coup de crayon déjà fort sympathique d’Eric Herenguel s’agrémente ici d’un respect du détail et prouve un énorme travail de documentation préalable. Audacieuse et néanmoins très réussie, la colorisation joue admirablement avec plusieurs techniques : encres de couleurs, gouaches et effets informatiques. Et le vrai bonheur, c’est que ça dure 64 planches ! Comparé à ce petit bijou, Krän le barbare, l’autre série d’Herenguel, ressemble furieusement à un exutoire. Certes, il y a bien quelques regards, quelques traits de visages légèrement humoristiques pour faire référence au barbare déjanté. Ou encore le galbe monstrueux et infernal des monstres, via lequel Herenguel exprime toute la bestialité cachée en lui… Sans chercher non plus à intellectualiser la chose, Hérenguel concocte un solide récit, emprunt de multiples références de genre. Une très bonne surprise à ne pas louper !