L'histoire :
Ses collègues n'en sont toujours pas revenus : Jack Barton, flic blasé et perpétuellement mal luné, un de ceux qui ne vit que pour et par son métier, vient de prendre quelques jours de congés. Ils n'en sauront pas la raison, mais Jack, lui, n'a plus que ça en tête, depuis ce mystérieux coup de fil. Dès ses vacances posées, il s'est rendu en car dans un petit patelin de l'Amérique profonde et y a loué une piaule miteuse. Il a alors recherché le détenteur du mystère qu'il est venu éclaircir, celui qui concentre désormais toute son attention, Foster, ancien membre du « Gang Packard ». Cette affaire, qu'il avait contribué à résoudre alors qu'il était jeune flic, 25 ans auparavant, est toujours resté gravé dans sa mémoire. A l'époque, le Gang Packard était constitué de 3 braqueurs de banques, détenteurs d'un insolent palmarès de cambrioalges... toujours sans la moindre violence. Ils étaient surtout insaisissables, en raison de leur bolide, une Packard, et de son pilote fou, le frère de Foster. Barton s'était alors beaucoup investi dans cette enquête et il avait finalement contribué à l'arrestation de ses membres. Foster avait écopé de prison, mais son frère était mort. Aujourd'hui, il a payé sa dette et a recouvré la liberté. Néanmoins, sur ce bout de trottoir d'une petite ville tranquille, Barton l'interpelle et plante son regard dans celui de Foster. Celui-ci demeure impassible. Foster semble avoir radicalement changé. Il a un gentille petite femme, des enfants adorables et il lit la Bible. Pourtant, Barton sait qu'il a menti et il ne le lâchera pas tant qu'il ne saura pas pourquoi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marc Malès creuse un sillon en marge des modes et des stéréotypes. Prenant la forme d'un pavé grand format de près de 150 pages, tout en noir et blanc, ce nouveau polar psychologique en one-shot l'atteste. Malès construit son récit comme un roman, c'est à dire en prenant le temps d'appâter le lecteur avec des énigmes, de mélanger le présent et les souvenirs, d'approfondir en long et en large la personnalité des personnages... Que vient chercher le flic Barton auprès de l'ancien truand Foster ? Qu'est-ce que ce dernier lui a donc dissimulé ? Quel jeu joue Foster, exactement ? Armez vous de patience, tout sera éclairci, mais pas avant que Malès ne le décide. Et il le décide avec parcimonie, jouant avec nos nerfs, comblant notre désir de réponses en creusant patiemment la personnalité de chacun, via une narration le plus souvent en voie off et en flashbacks. Cette construction narrative virtuose se complète donc d'une psychologie de personnages subtile. Les thématiques de la culpabilité et de la rédemption s'entrecroisent et se chevauchent, se jouant habilement du manichéisme, levant le voile sur des tempéraments a priori antinomiques et pourtant si semblables. Progressivement, les rapports s'inversent, jusqu'au dénouement, « puissant » et cohérent. Les amateurs de « romans graphiques » seront d'autant plus comblés que le dessin participe beaucoup de cette ambiance de polar « noir ». Des cadrages choisis, des encrages contrastés dans une veine très comics, offrent comme un écho au rapport de force engagé entre le bien et le mal. Avec Sous son regard, Malès prouve une nouvelle fois qu'il est un auteur à part, à suivre de très près...