L'histoire :
Taylor vient de terminer son nouveau roman, dont le personnage central est une jeune femme déçue par la relation avec son conjoint. Le mot « fin » semble lui avoir été imposé par le personnage lui-même, il va faire part de son étonnement à son ami éditeur. Stella lui semble si réelle, si autonome dans la manière qu'elle avait de lui reprocher le sort qu'il lui avait réservée... Lorsqu'il s'endort devant son clavier, à la fois étonné et épuisé, c'est une silhouette familière qui entre dans son appartement. Élégamment vêtue de sa robe des années cinquante, Stella se tient debout devant lui. Quelques semaines plus tard, le roman est publié, et il rencontre un immense succès. La présence de Stella dans le New York actuel fascine les lecteurs et les médias. Le doute subsiste évidemment sur la réalité de ses origines, mais un signe distinctif sur le corps de la jeune femme ne laisse pas de doute sur sa différence. Taylor et son héroïne vont vivre alors un moment dans l'appartement de l'écrivain, avant que les services de l'Etat commencent à s'intéresser à cette femme sans identité connue. Avec la rencontre d'un scientifique qui voudrait la recruter pour venir travailler dans un centre de recherche sur la conscience collective, une nouvelle vie commence pour Stella, et un moment de réflexion intime pour Taylor...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Imprévisible du début à la fin, cet album est à la fois personnel et hésitant, comme si Cyril Bonin s'était retenu de plonger réellement dans son sujet. Ce personnage de roman qui sort du livre pour entrer dans la réalité de son auteur pourrait-être l'objet d'une réflexion profonde sur la condition du créateur. Ou bien donner lieu à un pur ouvrage de fiction décalée pleine de paradoxes. En fait, ce récit est un peu des deux, mais jamais pleinement l'un des deux, complété d'une quasi histoire amoureuse et d'un petit fond d'intrigue scientifique. Beaucoup de sujets abordés successivement sans jamais être approfondis, provoquent des changements d'atmosphère imprévus, et mettent un peu en retrait les sentiments des deux héros. L'auteur possède toujours cette belle élégance dans les silhouettes de ses personnages, très reconnaissable, et nous offre quelques belles planches contemplatives. Dans le découpage de son scénario, il tente quelques effets de répétition, un peu déstabilisants lorsque le même visage se retrouve dans trois cases de la même page. L'hésitation du scénariste se retrouve dans la manière même dont le dessinateur met en scène ses personnages. Avec, en outre, des dialogues denses et prépondérants, Bonin ne signe pas ici son meilleur travail. Mais il continue de tracer son chemin artistique, unique et attachant. Et les fans de la première heure s'y retrouveront.