L'histoire :
Un jeune garçon sort son couteau suisse et grave sur un banc « T♥I », en compagnie de son amoureuse. Il se blesse à la main et les deux tourtereaux partent en courant. Le banc voit passer des anonymes : un homme habillé d’un costard-cravate, une femme qui vient de faire ses courses, un chien qui lève sa patte pour faire ses besoins… Un couple de personnes âgées s’assied sur le banc pour partager un gâteau. Ensuite, un SDF se pose sur le banc pour boire son vin quotidien. Un policier vient à sa rencontre et le somme de quitter les lieux. Puis un joggeur prend appui sur le banc pour faire quelques étirements. Le SDF revient et s’assoupit sur le banc. Trois retraitées s’installent sur le banc pour regarder ce ballet humain, un homme passe et les salue. L’une des retraitées lui sourit. Un employé municipal vient repeindre le banc et masque la marque d’amour inscrite sur le banc... Ainsi va la vie autour d’un banc, un simple « être » composé de bois et d’acier...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque nouvel album de Christophe Chabouté est un événement à part entière. Il faut dire que l’auteur nous sert depuis une vingtaine d'années des mets de choix : Sorcières, Purgatoire, Landru, Les princesses aussi vont au petit coin... Avec Un peu de bois et d’acier, on retrouve les mêmes ingrédients savoureux qui font son succès, autour d’instants de vie assaisonnés d’un brin d’émotion, d’une pincée d’humanité… Ici, le banc public est l’objet de saynètes où des anonymes partagent en sa compagnie leurs joies, leurs peines, leurs moments de solitude, leurs sentiments, leurs amours, leurs espiègleries. La sensibilité de Chabouté n’a pas son pareil pour décrire avec justesse ces évènements du quotidien, ceux qui construisent une vie. Un sourire, des larmes, un regard, tous ces petits riens qui finalement font figure d’essentiel. On se transpose facilement car ces anonymes pourrait très bien être l’un d’entre nous. Son trait expressif, ses cadrages ajustés, ses encrages noir et blanc très denses sont tellement narratifs que l’auteur peut se payer le luxe du silence : pas de texte, ni de dialogue, du début à la fin. Un livre pour tous, qui mérite un détour chez votre libraire et rappelle l’esprit de La première gorgée de bière de Philippe Delerm.