L'histoire :
Le frère d’Olivier s’appelle Eric. Depuis toujours, il aime faire des tours de magie. Sous les yeux de ses proches émerveillés, il s’évertue à préserver les apparences. Car Eric est malade mais nul ou peu connaissent son secret. Depuis l’adolescence, le jeune homme souffre de maux de ventre répétés, occasionnant de fortes diarrhées. Longtemps, la médecine n’a pas su diagnostiquer son mal. Et pour ne pas faire de peine aux autres, Eric a appris à le gérer, seul. Puis un jour enfin, un spécialiste mit un terme au suspens : il souffrait d’une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (MICI), plus précisément de la maladie de Crohn. Concrètement, l’ensemble du tube digestif, de la bouche à l’anus, est atteint de lésions pouvant dégénérer en cancer. Au début des années 1980, il n’existe pas alors de thérapie efficace. Pendant sa jeunesse, Eric choisit donc d’ignorer sa maladie ou de s’en accommoder au mieux. Il pratique beaucoup de sport, devient pompier volontaire, tombe amoureux, se marie, est papa, etc, comme tout jeune adulte en a le droit. Mais la fuite n’a qu’un temps. Rattrapé par la douleur, Eric doit à 30 ans être opéré : une biopsie a révélé chez lui un cancer avancé du colon. C’est le début d’une escalade vertigineuse qui conduira le frère d’Olivier à gravir le Mont Blanc…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si votre frère vous révélait de but en blanc qu’il ne lui restait plus que 3 mois à vivre, comment réagiriez-vous ? Quand Eric Balez a avoué à Olivier qu’il était atteint depuis son adolescence d’une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (MICI), son cadet – illustrateur de son état – a décidé d’en faire une bande dessinée, son premier album en tant qu’auteur complet. Au travers du récit de l’ascension du Mont Rose entreprise par Eric en compagnie d’autres malades, Olivier Balez revient sur la vie que vécut son frère depuis ses premières diarrhées à l’adolescence. Le récit témoigne avec précision et pudeur du calvaire enduré, de l’abnégation et du courage qu’il faut aux milliers de malades atteints du même mal en France pour continuer à vivre. Outre un traitement lourd, les opérations successives et surtout, sans doute, les empêchements au quotidien, Eric a du apprendre à s’accepter et vivre dignement. Réalisé de manière sommaire mais avec une sincérité transpirante à chaque page, l’album évite l’écueil larmoyant, comme celui de la comédie déplacée. Le lecteur en comprend beaucoup, sans trop de jargon technique et chemine aux côtés d’Eric sans déplaisir. On imagine au sommet du Mont Rose l’accomplissement ressenti. On imagine pourquoi ce premier exploit alpin l’a poussé à gravir cette fois le Mont Blanc. Quelle leçon de courage ! La maladie a peut-être cela de « bon » qu’elle vous pousse à vous dépasser. A méditer et partager.