L'histoire :
En 1953, Fletcher Williams, ancien pilote de l’US Air Force ayant servi durant la guerre du Pacifique, est resté profiter de la douceur du climat en installant une baraque sur pilotis sur une plage exotique. Il se repose dans son hamac à l’ombre d’un cocotier, lorsqu’il reçoit la visite impromptue d’un ancien camarade manchot, Moorhead. Après avoir copieusement cassé la figure de Williams (a priori légitimement…), Moorhead lui donne le choix : soit il le ramène aux Etats Unis pour qu’il soit traduit devant un tribunal militaire – qui lui indiquera sans nul doute la direction de l’échafaud – soit il l’aide à retrouver un milliardaire disparu dans le secteur. En effet, Francis Foggs, principal fournisseur d’armes de l’US Army, a disparu dans la zone de Murao, un secteur maritime réputé maudit. Williams n'a guère le choix. Il se lance dans les investigations, en commençant par le dernier endroit où Foggs et son épouse ont été aperçus. Malgré toutes les mises en garde des autochtones, ils avaient mis le cap avec leur bateau, le Wooden Goose, sur Latama. Une vieille femme leur avait même donné un talisman, que le milliardaire, pas superstitieux, avait balancé à la flotte. Aujourd’hui, dès que Williams évoque la zone de Latama, les visages de crispent et les discussions tournent court. Williams recueille alors le témoignage de la seule personne à avoir survécu à Latama, le vieux Kalepo.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo d’auteurs déjà à l’origine de la série jumelle Eagle / Adler, L’aigle à deux têtes (10 albums, entre 2017 et 2023), réitère une collaboration sur cette nouvelle aventure entremêlant aviation, ésotérisme et décorum exotique. Emmenée par des rebondissements et des psychologies de personnages de série B, la problématique est vite posée par la disparition d’un milliardaire au sein d’une zone maritime « maudite », façon triangle des Bermudes, mais dans le Pacifique. Il faut impérativement retrouver ce milliardaire en raison de son importance capitale : il est le principal fournisseur d’armes de l’US Army ! Et de fait, il s’agit de mener ces investigations de manière non officielle. Un ancien pilote renégat se retrouve ainsi à recruter parmi d’autres pilotes sulfureux, mais néanmoins doués du mache-à-balais. Les fanas d’aviations seront ravis du casting des vieux coucous volants recrutés pour cette mission à hauts risques, dont l’hydravion Vought Kingfisher. Le scénariste Patrice Buendia avoue avoir cédé au fan-service de l’amalgame improbable, comme pioché dans un coffre à jouets. Néanmoins, tous les appareils sont dessinés avec soin par Damien Andrieu, qui en profite pour faire des clins d’œil aux maîtres du comics américain (Alex Toth, Mitlon Caniff…), avec un style graphique évoquant celui des pulps de l’époque et des trames de points… une couche de colorisation très pêchue par-dessus, pour ajouter un brin de modernité. Le résultat est plutôt fun et dynamique, et surtout grand public.
