L'histoire :
Septuagénaires, Hank et Molly Monnar arrivent au terme de carrières riches et épanouissantes. Molly termine ses recherches en neurosciences, en compagnie d’une équipe qui manipule des technologies de pointe. Son mari afro-américain Hank a été mécène sur bien des domaines scientifiques et il a obtenu des distinctions majeures. Sur leurs vieux jours, ils acceptent de participer corps et âme à une expérience scientifique, une première : le projet « Cellule augmentée ». Cela consiste en une opération de clonage de leurs corps, avec reconstitution génétique et mentale, destinée à ressortir plus forts, plus résistants, plus intelligents… En somme, muter leurs corps de petits vieux sur le déclin, pour devenir un sur-homme et une sur-femme. Une scientifique de renom, Victoria Teel, a théorisé le processus et l’équipe du professeur Kenton Kallose est chargée de l’appliquer sur eux deux, comme cobayes humains. En amont, tout est fait pour qu’ils se lancent en connaissance de cause. On prend le temps de tout bien leur expliquer et de les préparer psychologiquement. On s’assure qu’ils sont réellement volontaires. La technique de clonage passe par le développement express d’embryons. Ils sont donc endormis et placés pour plusieurs semaines dans des caissons et ils ressortiront rajeunis et améliorés depuis des incubateurs voisins. Hélas, un problème intervient avant la fin du processus, que l’équipe de Kallose est obligée d’avorter… avec une conséquence stupéfiante !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié outre Atlantique en 9 fascicule comics, Âme augmentée se présente par chez nous sous la forme d’un épais volume, grand format, de 300 pages reliées et cartonnées par les éditions 404. Malgré le poids du volume, pas besoin de se faire violence pour plonger dans l’aventure étant donné le sujet : sans les précautions éthiques d’usage, vous allez assister aux origines et aux conséquences de la première mutation totale humaine en vue d’aboutir à l’homme augmenté ! On ne révèle pas dans cette chronique le twist principal de cette expérience folle, qu’on découvre au tout début, mais il décoiffe. L’auteur américain Ezra Claytan Daniels a admirablement géré son sujet, sur tous les fronts. Primo, l’idée originale est ingénieuse, intrinsèquement fascinante pour tout un chacun et encadrée par un environnement scientifique crédible. Deuxio, la psychologie des personnages est soignée et tant mieux, car les dégâts de l’expérience sur la psyché humaine sont le véritable propos du comics. Tertio, le dessin semi-réaliste est abouti, appliqué, expressif, et participe pleinement à la vraisemblance de l’extraordinaire. Enfin, la narration qui mélange flashbacks et flashforwards avec le présent, sait y faire pour nous hameçonner avec des scènes choc, des concepts qu’on n’a pas vu venir. Clairement, cet ouvrage interroge brillamment sur ce qu’est l’âme humaine, et le support de nos corps obsolescents et imparfaits. La préface du réalisateur Darren Aronofsky est très élogieuse, à raison.