L'histoire :
Dans un pan supérieur de l’univers, un dieu sombre et cornu génère une graine en forme de dodécaèdre (12 faces pentagonales), qu’il lâche à la surface d’une planète aride. La graine chute tout droit et s’enfonce dans le sol. Débute alors un processus de rizomorphogenèse aboutissant au développement de cellules sphériques. De ces œufs, s’extrait soudain un… homme. Celui-ci est vêtu comme un combattant. Il remonte à la surface et découvre l’aridité de son monde. Soudain, une autre main sort du sol. C’est un second homme… aussitôt assassiné d’un coup de pierre par le premier. Puis en apparait un troisième. Puis des animaux variés : pélican, crocodile, cheval, requin et un crabe géant. C’est une prolifération de créatures animales et humaines qui jaillissent et s’entretuent. Un second dieu tout blanc reproche au premier cette création anarchique et violente. Le dieu noir affirme qu’il s’agit d’une question de temps. A l’aide d’une seconde graine, le dieu blanc accélère donc le temps. Des armées se structurent, s’entrechoquent. C’est un carnage, dans des flots d’hémoglobine. Le dieu blanc pense qu’il manque une autorité pour structurer. A l’aide de lasers sortis de ses doigts, ce dieu extrait alors de l’océan une bulle géante contenant une humaine bleue, massive, elle aussi aux allures de combattante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Non, malgré son titre, cet épais volume n’est pas un guide touristique du département 26 qui a pour capitale Valence. D’ailleurs, on ne comprend pas trop ce qui signifie « Drome », au regard du propos intérieur. Aussi hétéroclite cela pourra-t-il paraître, ce monstrueux comics élaboré par Jesse Lonergan se situe à la croisée des chemins entre la Genèse, les délires SF de Moebius et Conan le barbare. Il met en scène des dieux, des demi-dieux et quelques rares animaux et humains négligeables, au sein d’une fondation cosmique de monde. Cette génération démiurgique est surtout massivement perturbée par les leaders semi divins qui entendent le régir. Etant donné qu’il n’y a, en moyenne, qu’un phylactère de dialogue toutes les 10 pages, les 325 pages de ce space-métaphysique-opéra se lisent très vite… et surtout, on ne comprend pas tout dans le détail. Mais le détail n’est pas l’objectif premier du découpage absolument fa-bu-leux de l’auteur, qui constitue tout l’intérêt de l’ouvrage. Lonergan s’appuie sur une base de planches composée d’un gaufrier de 35 petites cases carrées (5x7). Certaines se rejoignent, en des cases plus grandes, ou ultra horizontales, ou ultra verticales, selon les besoins. D’autres se déstructurent. D’autres se confondent avec des lignes de fuites, comme autant de trajectoires à suivre… Parfois, ce sont des gouttières en cercles qui viennent tout révolutionner et recomposent de manière géniale ces planches, selon une inspiration peut-être puisée du côté d’Andréas. A l’intérieur de cette multitude de formes hyper variables, le dessin encré est plus traditionnel – quoique très réussi aussi. L’inventivité et le dynamisme conférés par ce « système » poussé à un niveau expert conviennent admirablement à cette histoire démiurgique, barbaresque et cosmique.
