L'histoire :
Sam Brausman est The Blue Flame, un super-héros d’un groupe de Milwaukee, ayant inventé un nouveau carburant : le Cobaltum, qui, ajouté à son équipement fait de propulseur jets, lui permet de se déplacer dans le cosmos et défendre l’espèce humaine. Parti très loin en quête de réponses, il est intercepté par une race extra terrestre, qui l’emmène sur Exilos, une des planètes du Consensus, un système organisé. Là, il est accueilli par Yarix, le procureur du tribunal qui l’a choisi pour être le défenseur de l’humanité. Il va devoir plaider pour la sauver, celle-ci étant accusée d’être totalement irresponsable ; sinon, elle sera détruite sans compassion. Revenu dans son quotidien, où il assure son métier de réparateur, Sam va subir un drame difficile remettant en cause toute sa vie. En effet, lors d’une soirée plaçant son groupe d’amis super héros en vedette, une attaque terroriste va tout remettre en question, laissant des dizaine de morts, dont il sera l’un des rescapés, mais lourdement handicapé. Devant retourner vivre chez sa sœur qui attend un enfant, il va devoir affronter le réel, et faire la part des choses...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le lecteur français abordera The Blue Flame avec un grand respect, même sans avoir encore ouvert une page. Il faut dire que son éditeur, Nicolas Beaujouan met un point d'honneur à soigner ses publications, jusque dans les moindres détails. Aussi ce beau pavé de 272 pages impressionne dès sa couverture au dos rond et aux tons jaune, bleu et noir dont la finition Cold Foil souligne les personnalités opposées du anti-héros en présence. Plongé dès les neuf premières pages dans une ambiance Space Opera qui pourra rappeler à la fois Adam Strange, Black Hammer, ou bien encore l'univers Marvel et les Green Lantern, on sent que cela ne va pas durer. La dixième ramène en effet Sam Brausman dans son quotidien d'Américain moyen, simple réparateur de chaudières, mais néanmoins super héros à ses heures. C'est dans ce contexte que l'on fait la connaissance avec sa jeune sœur et son futur mari, tout comme leur enfant et l'avocate traitant du dossier de Sam. L'album va être scindé continuellement en deux, proposant en parallèle - ou en opposition pourra-t-on le croire- les deux « vies » de Sam : blessé et en rééducation, ayant du mal à trouver sa place au sein de la société et auprès de sa famille, et en tant que Blue Flame, préparant le procès de l'humanité sur l'une des planètes du Consensus. Tout le génie de Cantwell réside dans sa puissance narratrice nous embarquant dans un récit « double », maîtrisant chacun de ces deux aspects, au moyen de scènes, décors et personnages - bien sûr d'autant plus forts lorsque l'on est dans le cosmos - particulièrement attachants. Le dessin d'Adam Gorham diffuse la pureté des grands artistes de comics et un velouté - aidé en cela par les magnifiques couleurs de Kurt Michael Russell - à tomber, par moment. Si l'on comprend assez rapidement le procédé et vers quelle route l'auteur nous emmène, la prouesse n'en reste pas moins remarquable et le propos de haute volée. Cantwell ne nous dit finalement rien d'autre que la responsabilité de chacun est engagée dans les problématiques et enjeux majeurs de notre époque et que savoir à la fois encaisser et faire preuve de résilience ne sont que les premiers impératifs pour espérer nous en sortir. Sa parabole est belle, superbement amenée et écrite, et délicieusement réalisée. Sachons garder la flamme bleue de l'espoir !
