L'histoire :
The Tragic Life of an Ordinary Undead : La nuit, dans un cimetière à l'abandon, une main surgit du sol, devant la pierre tombale que le temps a dégradée. Elle est au nom d'un certain Tom Miller. Puis, lentement, ce qui fut un homme se dresse, dans son costume assorti de sa cravate. La créature profondément putréfiée hume à nouveau l'air et peine à retrouver la station debout. Incrédule, elle voit son œil gauche se désolidariser de l'orbite, le globe oculaire finissant par pendouiller au bout de ce qu'il reste de son nerf optique effiloché. Sur la plaque se situant dans son dos, deux dates sont gravées : 1947-1999... Puis ce qu'on peut donc considérer comme un zombie semble pris d'une panique sans nom. Le mort-vivant serait-il en train de réaliser l'horrible sort qui est le sien ? Le propre spectacle de ce qu'il est devenu parviendrait-il à sa conscience ? Soudain, la chose se retourne, alertée par un bruit de pas précipités. Un homme s'approche de lui à toutes enjambées, une pelle à la main...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marco Fontanili est un jeune auteur italien, dont les productions sont aussi singulières que résolument indépendantes. Il a pris le parti de s'éloigner, depuis ses débuts dans ce média, des standards de la BD, en choisissant de privilégier le Noir et Blanc, mais surtout, l'absence de texte. Avec son graphisme anguleux, ses mises en page qui ressortent d'une composition extrêmement travaillée, il dispose d'un style identifiable au premier coup d’œil, ce qui est déjà absolument remarquable quand on considère le nombre d'artistes présents dans cette industrie. Lui, pour l'heure, n'est pas trusté par un éditeur, alors il s'autoproduit. Son choix de créer des BD muettes le conduit ainsi à faire du story-telling l'axe fondamental de son travail, puisque par définition, le lecteur ne dispose d'aucun repère s'appuyant sur du texte. Tout au plus trouvera-t'on ici, parfois, une petite phrase symbolique qui précède le titre de chacune des 13 histoires de cet album. Après la romance, la guerre, la folie et la solitude abordés dans ces autres livres, bref, des sujets profondément graves -and not from the Grave-, il s'accorde une parenthèse horriblement jouissive après son galop d'essai précédent (Atmosphere of Terror), avec ce recueil façon anthologie, qui ne peut être vu autrement qu'un hommage aux comics d'horreur qui eurent leur heure de gloire pendant les années 50 et 60. Alors il reprend avec un malin plaisir tous les stéréotypes du genre : fantômes, zombies, vampire, savant fou, clown psychopathe, extraterrestres et autres créatures inimaginables. En gros, tout ce qui est enfoui dans notre inconscient nourri par l'épouvante surgit au fil des pages, avec bien entendu une franche dose d'humour noir qui s'exprime à la chute de chaque saynète. Naturellement, le tout est truffé de références à son art, mais aussi au cinéma et si le propos est certes léger (après tout, ce ne sont que des histoires d'horreur), le séquençage et le dessin constituent un vrai tour de force. Depuis qu'on a eu la chance de le croiser, lui et ses productions, on soutient cet artiste. On ne peut que vous engager à faire de même !
