L'histoire :
Novembre 1969 au Kansas. Attachée sur son lit, une jeune fille espère. Elle espère pouvoir échapper à la pénombre, se libérer des liens qui lui serrent les poignées afin de fuir sa chambre. Peine perdue. Par deux fois un terrible bruit lui rappelle que cette maison cette nuit n’est plus la sienne. Dans son dos, un homme armé d’une lampe torche et d’un fusil surgit. Elle supplie, elle espère… sans espoir. Une ultime détonation retentit avant que le pavillon ne retrouve une tranquillité. New York, quelques temps après. L’écrivain et dandy Truman Capote dîne en grand apparat en compagnie d’amis et confrères. Son talent littéraire n’a d’égal que son naturel narquois et facétieux. Un phraser ironique savamment distillé et ne reste à table que l’artiste et Nelle, la seule femme qui le comprenne. Entre deux essais possibles, l’un mondain pour le New-Yorker et l’autre plus personnel sur le massacre d’une famille au Kansas, elle le persuade d’aller au plus simple : partir afin d’écrire son œuvre sensationnelle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le roman appartient au panthéon de la littérature : In cold blood (De sang froid) ne se laisse pourtant point cataloguer si aisément. Essai policier ou chronique journalistique, son côté naturaliste empreinte souvent des voies détournées, parfois (auto-) biographiques. Le secret réside dans son processus d’écriture. Le 7e art en a fait récemment un film, Ande Parks et Chris Samnee livrent pour leur part un one-shot implacable. Au travers d’un récit ciselé, au découpage et aux cadrages parfaitement travaillés, les auteurs parviennent à retranscrire ce que put être l’enquête intimiste à laquelle dut s’atteler le New-Yorkais. Rien de cette rencontre passionnelle, voire fusionnelle, entre deux mondes (rustre et mondain) ne fut facile. Ni blanc, ni noir ; ni Bien, ni Mal. L’Homme ne se comprend qu’en nuances. Souvent, la frontière départageant la folie du génie paraît ténue, si fragile. Suggérée plus que bavardée, l’émotion demeure palpable jusque dans une douce impression fantastique. A l’instar du dandy, le lecteur sort lessivé, comme transformé par cette mécanique humaine : « un bal magnifique si longtemps espéré, trop rapidement vécu, dont le souvenir obsède »...