L'histoire :
C’est en épluchant des paquets de lettres abandonnées que Randolph Jaffe prend connaissance de l’Art. Préposé aux courriers délaissés – refusés, non-délivré, perdus, sans adresse ou la mauvaise, etc. – le petit homme comprend aux travers de ces multiples correspondances qu’il existe quelque chose de sous-jacent, de grand, qui soutient le monde et l’ensemble des révélations faites jusqu’ici. Naturellement, il veut en savoir plus. Et après avoir tué son supérieur (ce dernier était persuadé qu’il lui cachait un trésor), Randolph Jaffe quitte la poste d’Omaha City, en quête du moyen le plus rapide pour atteindre l’ultime savoir. Sa maigre connaissance lui permet déjà d’influer sur les événements courants. Cependant, ce n’est encore rien. Au prix d’une longue recherche, il réussit à rencontrer un ermite, prénommé Kissoon. L’illuminé lui confirme certaines de ses visions. Il lui dit notamment pour la mer, que l’on appelle la Quiddité, et ses îles, les Ephémérides. Mais Kissoon veut aussi s’emparer de son corps. Jaffe refuse et s’enfuit. Des années plus tard, au Mexique, Randolph passe marché avec un génie de l’évolution, un certain Fletcher. Tous deux ne partagent pas la même philosophie, mais ensembles, ils découvrent le nonce, une substance qui, une fois absorbée, offre la connaissance de l’Art. Métamorphosés par leur expérience, résolument ennemis maintenant leur objectif atteint, ils débutent une guerre terrible qui ne prend fin qu’avec la fatigue de chacun. Epuisés, leurs esprits s’échouent quelque part à Palomo Grove, pour ne se réveiller qu’en 1971…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« The Show Must Go On », ainsi commence la préface à Secret Show signée de Clive Barker. L’album de quelques 270 pages que vous avez – ou aurez ! – entre les mains est en effet l’adaptation du premier volet d’une trilogie littéraire prévue, dite « de l’Art ». Une histoire chorale (comme on dit d’un film) où la soif de pouvoir d’un homme le pousse irrémédiablement vers la connaissance – et l’horreur – d’une science (occulte), dépassant toutes les autres, garante véritablement de la marche du monde. Une multitude de personnages donc, engendrés au fur et à mesure que l’intrigue gagne en corps, se déchirant et s’aimant en une ambiance fantastique aux frontières du réel ! L’addiction est palpable dès les premières planches. Chris Ryall et Gabriel Rodriguez ont réussi à s’approprier et retranscrire efficacement les côtés à la fois mystiques et frénétiques de l’œuvre. Difficile de s’ennuyer un seul instant. En bon roman graphique, seule l’ampleur du titre contraint à s’y reprendre à deux ou plus de fois pour en achever la lecture. Une réserve : la psychologie tourmentée de certains protagonistes (tel Tommy-Ray alias le « Death-Boy ») dont on s’étonne parfois d’un revirement trop rapide. On devine que l’aventure ferait un excellent moment de cinéma ; elle constitue d’ores et déjà une excellente bande dessinée de genre. Appliqué et sexy, le trait y fait aussi à l’affaire. Reste à espérer qu’un succès mérité permettra aux auteurs de poursuivre avec Everville, le roman à suivre...