L'histoire :
Eddie et Morgan jouent à Robin des bois. Ils ont la dizaine. Frères de sang, ils partagent avec leur père un étrange châtiment. Eddie et Morgan jouent car ils sont encore enfants mais ils grandiront vite, trop vite. Et ce qu’ils entraperçurent ce jour dans le bureau de leur père – rencontrant une créature d’une taille monstrueuse – les marquera à jamais (…). De nos jours, au temps de la prohibition. Morgan se lève, se vêt d’une petite croix discrète, attrape son galurin et descend boire un verre. Son frère Eddie le rejoint au bar. C’est à propos de leur maman. Eddie souhaite la ramener à la vie. Morgan flaire les ennuis et refuse. Si son frère souhaite tenter l’aventure, cela sera sans lui ! Morgan a déjà payé un lourd tribut à la malédiction fraternelle. Ce n’est pas Eddie qui l’a maudit mais c’est tout comme. La malédiction, Morgan la porte graver en sa chaire, sur ses bras, et ce n’est pas demain que les signes disparaîtront. Le gaillard de constitution robuste s’éloigne ainsi dans la nuit laissant Eddie derrière… Peu après, Morgan, pris de remords, se rend au club fréquenté par son frère. Il n’a pas vraiment le costume de l’endroit mais on le laisse monter. Quand l’homme pénètre la chambre d’Eddie, il le trouve sans vie, assis dans un fauteuil. Eddie s’est tranché les veines. La vie a quitté son corps. Pour combien de temps ? Outre Morgan, une bande de joyeux démons dépêchés par Bruno Roarke, le parrain local, souhaite aussi rendre leurs derniers hommages à la dépouille du suicidé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si la couverture est engageante, elle ment en partie sur le contenu. Non, The damned n’est pas un récit horrifique ! Vous ne vous relèverez pas la nuit cauchemardant ! En revanche, au croisement du fantastique et du policier, le titre propose un thriller efficace, musclé et distrayant. Après avoir posé le personnage précédemment, Cullen Bunn et son camarade Brian Hurtt s’attardent sur Morgan, le frère – maudit aussi – d’Eddie. L’occasion de développer plus largement le background familial de nos héros. Puisque l’exposition fut concluante, il est temps à présent de creuser ! Les fils prodigues apportent donc profondeur et mystère à la série. Quelle signification vraie revêtent les signes étranges qui marquent les bras de Morgan ? Quels projets cachés nourrissent les Verlochins ? Qu’entend y répondre le « big boss » des démons, Bruno Roarke ? Jusqu’au père transformé en « gollum » des enfers, etc. Bref, il reste beaucoup à dire et à découvrir. A défaut de tenir un spitch d’une originalité fracassante, nos auteurs tiennent un récit prometteur d’un genre hybride. Au crayon Bryan Hurtt inscrit son travail dans la droite ligne de l’ambiance souhaitée, sans fioritures inutiles, crédible, sachant être sobre ou faire parler la poudre lorsqu’il le faut. Une lecture qui fait peu dans l’humour ou le second degré mais vous promet un plaisir réel. Un comics à suivre, édité soigneusement et prestement en rapport à l’actualité américaine. Avis aux amateurs !