L'histoire :
Bonnie rencontre un homme étrange qui a des cheveux d’une longueur inimaginable d’où sortent même des oiseaux. Intriguée, elle s’adresse à l’inconnu et lui demande de lui expliquer la cause de ces cheveux fous. L’homme lui raconte alors toute son histoire : ses cheveux recèlent de grands secrets et contient de nombreux animaux et êtres vivants. La liste des habitants qui résident au dessus de sa tête est longue et l’homme les énumère un à un. Bonnie est de plus en plus intriguée et veut voir ces incroyables cheveux de plus près…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo prolifique Neil Gaiman et Dave Mc Kean remettent le couvert en revenant sur une thématique qu’ils affectionnent particulièrement : la jeunesse. Après les albums jeunesse Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges et Des loups dans les murs, voici une nouvelle histoire qui s’adresse aux enfants. Passion étonnante d’ailleurs car les deux auteurs sont beaucoup plus connus pour leur univers d’horreur et d’effroi. Pourtant, Neil Gaiman aime les expériences narratives et n’hésite pas à changer de style et de ton. Ici, on est purement et simplement dans l’univers du conte avec son ton simple et rassurant, ses évocations d’animaux bénéfiques et ses rimes perpétuelles qui font du récit une sorte de comptine qui berce le lecteur. L’imaginaire est totalement débridé, à l’image de cette chevelure qui s’étend à l’infini et qui amène du rêve et de l’espoir. On reconnaît bien là la patte de Gaiman, fasciné par les univers oniriques et irréels. Toujours bien servi par son fameux complice Dave Mc Kean, Neil Gaiman éclate le réel au gré de la croissance des cheveux de l’inconnu. Le dessin illustre parfaitement cette évasion. Dans le style caractéristique et atypique de Mc Kean, le graphisme cubique et les couleurs chatoyantes sont propices à un imaginaire particulier. A la fois inquiétant et délirant, sensible et froid, le dessinateur prend du plaisir dans ce format d’album en mode paysage. L’absence de cases permet à l’auteur d’étendre son dessin et certaines pages sont de vraies trouvailles graphiques : l’ondulation de la chevelure révèle des trésors insoupçonnés. A l’image des récits d’enfants où l’irréel n’est pas toujours expliqué, chacun pourra se faire sa propre interprétation sur cette étrange chevelure. Gaiman a-t-il voulu symboliser la puissance de l’imaginaire qui sort de la tête de son créateur avec une telle force qu’il en envahit ses cheveux ? Peu importe : l’essentiel est de se laisser emporter dans ce monde des rêves. L’ensemble est un peu court (comme bon nombre d’albums jeunesse) mais se déguste comme un bon bonbek !