L'histoire :
Dans le salon d’une jeune famille, les parents observent, circonspects, leur nourrisson prodige. Ce dernier jongle avec 4 balles tout en faisant du monocycle. Ils se demandent s’il vaut mieux l’encourager ou le décourager…
Au dernier étage d’un immeuble démesurément haut, qui surplombe tout Manhattan, un couple primo-accédant contemple une vue surréaliste sur la ville, face à une immense baie vitrée. Propre sur lui et naïf, l’agent immobilier leur annonce : « Cent quatre vingt quinze millions. Je sais ce que vous vous dites : où est-ce que ça cloche ? »
Dans la rue, un chien adossé à un mur de brique fait la manche. Sur sa pancarte : « Je n’ai pas de pouces opposables ».
A la télé, une page de publicité montre l’authentique Tarzan sur le déclin. En costume-cravate, celui-ci vante en effet les mérites d’un emprunt à la consommation : « Moi parler vous de crédit relais ».
Assis sur le rebord d’un lit, un couple est en pleine crise. La femme vient de faire un terrible aveu à son mari : « Ça n’est pas la fin du monde. J’ai seulement couché avec lui. On n’a pas regardé Game of thronesi> ensemble. Ça, je l’ai gardé pour nous. »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Steve Martin au scénario de ce recueil de dessins humoristiques, n’est pas un homonyme de l’acteur américain (dans Un ticket pour deux, L’homme aux deux cerveaux, La panthère rose…) : il est bien cet acteur-là ! De ce côté-ci de l’Atlantique, on ne sait pas forcément que l’artiste est aussi écrivain et chroniqueur pour The New Yorker. C’est en cherchant de nouveaux terrains d’humour que ce dernier a eu l’idée de s’intéresser au dessin d’humour. Car Steve Martin considère cette expression particulière à la fois comme un aboutissement extrême de l’humour et un challenge. L’auteur est capable de triturer une idée – ou un dessin – dans tous les sens pendant des plombes avant de trouver le bon levier comique, c’est-à-dire la légende caustique idéale ou la réplique qui fait mouche. Sur les conseils de la directrice artistique de The New Yorker, Martin s’est associé au dessinateur Harry Bliss et à son dessin crayonné en noir et blanc (exception faite de 4 dessins en couleur au cœur du recueil). Et après un temps logique de tâtonnement, le duo a trouvé un mode original de composition et une mine d’or de percussion comique. Tantôt Martin demande à Bliss de lui dessiner son idée de « gag », tantôt, c’est Bliss qui fournit à Martin un dessin muet… à charge pour l’auteur de trouver le commentaire qui lui sied ! Le résultat, c’est une grande variété de contextes, de personnages, de décors, mais aussi de ressorts comiques. Ces derniers ont tout de même tendance à tourner à l’absurde et à la réflexion philosophique ou sociétale, avec un registre d’humour très new-yorkais. Quelques (rares) dessins pourront vous paraître « vides »… C’est normal, les registres comiques sont larges et ne parlent pas toujours à tous les publics, surtout lorsque le microcosme culturel est distant. En outre, les répliques d’origine en langue anglaise ne trouvent pas toujours de traduction aussi percutante.