L'histoire :
Il était une fois une mort. Celle du Cavalier courroucé, le compagnon du Captain Valor, tué lors d’un ultime combat contre Mollusque et la terrible Caligynis, ennemie jurée du super héros. Car dans ce monde dévasté, il ne saurait subsisté aucune vie, tout particule s’atome devant être détruite par le Goliath d’acier, jusqu’à Valor lui-même désintégré… Ailleurs, de nos jours, dans un présent ressemblant plus ou moins à notre réalité, deux amis arpentent les rues de la « Grosse pomme », parlant cinéma et pertinence scénaristique. Le box office diffère selon l’avis, balançant entre réalisme et imaginaire utopiste. La réalité du monde du travail n’est pas à proprement parler le fort de Milo Stone. Bien que sa petite amie lui ait encore dégoté un entretien professionnel, il l’a, encore, planté ! Sûr, il va se faire engueulé lorsque la belle rentrera. En attendant, le jeune homme s’arme d’une bonne bière et s’affale dans le canapé devant la télé. Mais une surprise l’attend, ou plus justement le tire d’un demi-sommeil : le Captain Valor se tient devant lui, dans son salon, lui ressemblant à s’y méprendre la carrure à part et, surtout, la fibre héroïque en plus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En mathématiques, le carré d’un nombre (soit celui-ci augmenté de lui-même pour le chiffre 1 comme 2) fait fi du signe originel. « Plus » ou « moins », le résultat obtenu sera obligatoirement positif et supérieur (ou égal) à la valeur multipliée, mais cependant surévalué, déformé. Héros² s’inspire donc de ce raisonnement basic pour développer une idée classique des comics : un super héros ne va pas sans sa moitié. Selon une structure symétrique très manichéenne (en vogue outre-atlantique), toute réalité (quand bien même virtuelle) se caractérise par des pôles d’égal valeur du bien face au mal. En Asie, les choses participeraient d’un équilibre nécessaire et bénéfique au monde ; en Occident, l’affrontement semble inéluctable et destructeur. Les dialogues imaginés par le duo Giffen/de Matteis rappellent en un sens ceux signés Tarantino, s’étendant sur des planches entières, à propos de tout et de rien, parfois divertissants ou malheureusement bavards. Si la lecture n’en est point affectée, le rythme lui en pâtit un peu et la percussion de certaines situations chagrine. Les ingrédients sont là, le ton se veut drôle et irrévérencieux (même s’il sait se faire grave, notamment à la toute fin) et cependant l’ensemble peine à convaincre vraiment. Ce qui retient finalement l’attention est, à l’instar d’un feuilleton (drama) coréen, ce quatuor romantique de héros, extraordinaires et communs, dont on devine qu’il n’est pas au bout de ses surprises. Laplanche « off » finale est peut-être la plus réussie, pied de nez et preuve qu’être disserte n’est pas toujours gage de qualité. Les comptes au prochain numéro.