L'histoire :
Tout commença il y a 4 ans de cela. Le temps d’un séjour forcé à la campagne. Loin de sa mère, que fuyait son père, Tanner crayonna sur une feuille de dessin un ami imaginaire doté de supers pouvoirs, Super-héros G, qui toujours aiderait le jeune Héros Boy à rebondir, envers et contre tout. Mais au fil du temps, la mésentente entre ses parents devint intenable et, aujourd’hui, ils divorcent. Tanner a grandi et visiblement son partenaire imaginaire s’avère impuissant à sauver la situation. Echec. Le personnage de papier finit en boule dans la corbeille. Et…. Wwwaaahhh !!! Super-héros G s’écrase sur une planète inconnue en compagnie d’un couple de mannequins incongru. Rapidement, le héros prend la mesure de la catastrophe : il doit au plus vite repartir de ce no man’s land. Mais comment ? Cachée derrière un escarpement rocheux, une étrange citée au rempart vert et crénelé se dresse. A l’entrée, il faut montrer patte blanche, décliner son identité, sa « classification », et surtout son utilité sociale. Le fort désagréable bonhomme de neige qui la garde l’affirme : la communauté n’a que faire des personnages imaginaires délaissés par leur créateur sans aptitude quelconque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier tome d’Imaginaires est une très bonne surprise. Trop peu d’amateurs du neuvième art européen s’intéressent à la production US. Heureusement quelques éditeurs « marginaux », dont Bamboo, s’attachent à combler progressivement le manque. L’univers comics appartient aux super-héros. Sans cesse relookés, il semblerait logique que le filon s’essouffle. Que nenni ! Le génie américain ne réside pas tant dans l’invention que l’innovation. C'est-à-dire savoir (re-)composer un scénario original à partir d’éléments éculés. Miller et Avery partent donc d’une situation tragique classique (un enfant souffrant du divorce parental) pour explorer une autre facette du fantastique héroïque. Et si les héros créés sur papier (ou en rêve) possédaient une vie propre ? S’ils influaient réellement sur notre quotidien ? S’ils ressentaient une complicité viscérale avec leur créateur d’où ce sentiment d’injustice quand ils sont oubliés ? Aux vues des innombrables services rendus, ces objets trouvés mériteraient un meilleur sort ! Côté dessin justement, Titus et Miller (& co.) leurs offrent un visuel dynamique, so punchy et flashy que l’on en prend plein les mirettes ! Certes, le trait comics n’a pas l’élégance d’un Gibrat (le must franco-belge ?) néanmoins c’est efficace, savamment découpé, cadré, pour un plaisir graphique optimum. On a tous la nostalgie de nos jouets d’enfance. Alors pourquoi ne pas s’y replonger ? Un rafraîchissement ?