L'histoire :
Poussé par ses copains, Jeremy se jette à l’eau aujourd’hui : il va tenter tant bien que mal de déclarer sa flamme à l’exubérante Bethany. Avant qu’elle ne mette les voiles à vélo, elle lui donne une minute (top chrono) pour lâcher le morceau. Bien sûr, le garçon s’emmêle les pinceaux… jusqu’à un direct de la belle aux poumons ! Heureux encouragement, il parvient à l’inviter intelligiblement au bal et, oh surprise (!), Bethany accepte (et lui avoue un faible depuis le CE2). Bref, la journée ne pouvait mieux se terminer. Sauf qu’à la maison, ses parents l’attendent pour la sermonner comme à l’habitude et la menacer du courroux divin, son frère cadet en rajoutant. Tout écart de comportement contraire à la morale puritaine sera comptabilisé le jour du jugement dernier. Or, ce jour est venu. Une voix surnaturelle se fait entendre et clame que tous ceux qui demeureront sur Terre seront damnés ; les autres, ravis, auront mérité de monter au ciel. Bethany reste seule. Enfin, elle console son voisin, le petit Timmy, lui aussi abandonné. Quand un fracas éclate, la terre se déchire et crache du feu : les démons déferlent sur le monde…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès les premières pages, les auteurs nous mettent dans leur poche. Sans blague, la hantise du collégien boutonneux redoutant de se prendre un méga rateau par la nana hyper « chébrant » du bahut est effacée d’une seule réplique : moi aussi, j’en pince pour toi (en substance). Bref, le conte de fée parfait, alors qu’en réalité… Ce comics débute donc sous les meilleurs auspices. Lorsque survient le Jugement dernier ! L’apocalypse tant redoutée et déclinée sous de multiples formes au travers des supports les plus variés (Hellboy, Spawn, Constantine…) est, enfin (!), arrivée. Néanmoins, Eric Nguyen et Rick Remender ne s’y arrêtent guère. Ou plutôt, ils en imaginent le Jour d’après (pour plagier le film catastrophe éponyme) : et si Dieu ayant sauvé les élus méritants avait abdiqué et laissé la Terre sous le joug du démon ? La merde, quoi, pour ceux qui restent (les damnés). Heureusement, à une réflexion métaphysique parfois un peu bavarde (limite puritaine et manichéenne), est panachée une jeune héroïne qui balance. Secondée par un hideux mais gentil diablotin à l’humour vasouilleux, elle se lance dans une croisade intéressée et égoïste en vue de son Salut et, en prime, celui du monde. Le trait est élancé, effilé, nerveux, dynamique, gothique ; la colorisation plaisante sans être criarde ; le découpage audacieux et plastique. La grandiloquence de la situation désamorcée par une ironie faussement détachée, on passe un agréable moment de lecture. Il ne manque plus qu’un fond sonore jouant du Heavy Métal « à donf ». Les titres les plus simples se révèlent souvent les meilleurs : Strange girl affiche un aspect hard-rock assumé, ça déménage et ça chambre grave ! A suivre…