L'histoire :
Aiza s’époumone pour vendre le maximum d’abricots. Mais les temps sont durs et elle a du mal à trouver des clients. Serait-ce le prix ou les tatouages de son bras qui l’identifient comme une Ornu ? Des jeunes voyous se moquent d’elle et l’obligent à leur donner gratuitement quelques uns de ses fruits. La pauvre Aiza est fatiguée de faire toujours la même chose et de trimer pour quelques linaars. Supporter les quolibets ou les intolérances est compliqué. C’est à ce moment que deux cavaliers magnifiques arrivent au village. L’un d’entre eux, superbe dans sa tenue de combat et dans son port altier, prend la parole d’une voix forte. Il exhorte la population à s’enrôler dans les troupes de l’Emir pour servir le grand Empire de Bayt-Sajii. Même les jeunes de 12 ans peuvent tenter leur chance et devenir de grands écuyers, le poste d’élite des corps militaires. Les voyages seront nombreux, la paie importante et surtout, chaque écuyer pourra accéder à la pleine citoyenneté, ce qui ouvre des portes à des postes prestigieux et valorisants. Le cavalier appelle à ceux qui sont intéressés de les rejoindre sur le poste de contrôle le plus proche. Aiza sourit comme jamais à l’écoute de cette annonce…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bliss publie un épais volume et sort un peu des super héros à la sauce Valiant pour proposer un récit atypique. Nadia Shammas sait d’entrée captiver son lecteur en adoptant un ton simple mais porteur. On est plongé dans des grands récits d’aventure classiques à la Lawrence d’Arabie ou capes et d’épées façon Alexandre Dumas, et on tourne les pages pour découvrir la suite avec frénésie. La richesse et l’originalité de l’intrigue reposent aussi sur le fait que nous ne sommes pas tout à fait dans le monde réel. Évidemment, le Bayt-Sajji ressemble à s’y méprendre au monde arabe, mais Shammas préfère reprendre des éléments connus pour nous transposer ailleurs. De sorte qu’on bascule dans la légende et l’irréel, mais en gardant des racines réalistes. Malgré tout, le récit interroge nos cultures, notre intolérance et ce besoin constant de faire la guerre. L’album a donc tout ce qu’il faut pour plaire. Malheureusement, le twist de fin est rapidement balayé et on tombe dans l’improbable et l’incohérent. D’un scénario maîtrisé et passionnant, on bascule à la fin dans un conte un peu tiré par les cheveux. Néanmoins, le voyage vaut le coup d’œil grâce à l’éblouissant travail graphique de Sara Alfageeh. L’artiste jordano-américaine fascine avec un trait fluide et beau, des portraits remarquables et des costumes flamboyants. « Commencez votre aventure : rejoignez les écuyers ! »