L'histoire :
Quelques années après la Grande Poussée de la Guerre Orque, une famille se rapproche de l’immense crevasse. Thi a peur et le soleil aveugle ses yeux inquiets. Sa mère essaie de le rassurer : ils n’ont pas d’autres choix s’ils veulent tous survivre. Le Temple Flottant survole les lieux et s’abat durement contre la crevasse, tout près de la famille. Une porte s’abaisse et des guerriers rouges, à l’air menaçant, en sortent. En face d’eux, un sorcier plane, l’air calme et apaisé. Il invite les Draves à prendre les enfants. La scène est poignante car les enfants hurlent de peur mais ils sont amenés devant le sorcier, à l’entrée du vaisseau. Le père n’oublie pas de réclamer son dû : ils avaient convenu qu’en échange de leurs fils, ils auraient de quoi s’alimenter. Le sorcier se montre magnanime et une autre porte bascule pour laisser passer un albute. Cette fois, c’est au tour de la mère de hurler sa colère : trois enfants, chair de leur chair, contre une seule bête ! Le marché n’est pas équitable et ils veulent beaucoup plus en dédommagement de leur perte. Le sorcier adopte une attitude plus autoritaire et rappelle qu’eux aussi aident la famille en offrant une chance à leurs enfants de vivre correctement et d’avoir une bonne éducation. Le père finit par exploser et veut récupérer ses enfants. Il brandit sa pioche mais les Draves s’interposent en sortant un long couteau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un titre étonnant, des artistes de renom et un projet original : voici la nouvelle perle de Joshua Dysart. Cet album réinvente l’heroic-fantasy : pas seulement parce que les orcs sont beaucoup plus profonds et spirituels que d’habitude, pas non plus parce que le héros principal est un drôle de demi-elfe et jure comme un charretier. C’est aussi toute cette quête qui tourne à l’absurde et au tragique qui renouvelle le récit d’aventure. C’est encore la patte graphique d’Alberto Ponticelli qui choque et déstabilise le lecteur. Le style est cradingue, à la limite du grotesque et du mauvais goût, sans compter les couleurs criardes, et pourtant, il colle parfaitement à ce monde si particulier, impitoyable et sans concession où les héros sont des mercenaires de petite envergure et de petite vertu. Ponticelli a toujours su peindre la misère et la crasse mais ici, il pousse le trait jusqu’au paroxysme avec des scènes d’une violence parfois insoutenable. A l’instar de ce misérable Cerrin, ne croyez pas que vous vivrez une grande aventure épique et glorieuse : ce n’est que dans les livres et dans les mauvaises fictions que vous trouverez cela ! Ici, dans ce monde sidérant et très dépaysant, la vie est dure et sans état d’âme, à l’image d’une fin qui bouleverse nos habitudes. Mais au final, cette quête, on ne peut plus moderne, fascine tout autant qu’elle dérange. Jamais les crânes n’auront été aussi importants et précieux !