L'histoire :
Isaac est étudiant et il arrive une nouvelle fois en retard en cours. Tous les regards se tournent vers lui. Autour de lui, ça commence à parler : « au moins il est venu », « il est jamais là », « ils disent qu'il a un problème de drogue », « il a toujours l'air défoncé ». Isaac se retourne et les conversations cessent. Ça devient fatigant... Le soir, lorsqu'il rentre chez lui, il découvre que son ami a invité du monde, notamment Jo qui a un cours commun avec lui. Son pote lui demande si tout va bien, mais ce n'est pas le cas. Il a eu un autre épisode. Jo demande quel est le problème d'Isaac, et celui-ci commence à lui expliquer qu'il est épileptique. Jo pense tout de suite au fait qu'il ne peut pas être exposé aux lumières qui clignotent. Mais ce n'est pas si simple. Isaac entend la conversation et intervient. Il explique que ses crises sont déclenchées par le manque de sommeil, un stress physique ou émotionnel intense, par de l'anxiété. Il retourne dans sa chambre, et commence à calculer le nombre d'heures de sommeil qu'il a devant lui... Cela s'annonce compliqué d'arriver en forme en cours demain encore. D'autant que lorsqu'il se met au lit, il entend beaucoup de bruit. Une grosse soirée a lieu en bas de chez lui, impossible de fermer l'œil. Et la police n'intervient pas. Ils ont gagné, demain il restera chez lui, il va louper des cours, annuler sa réunion. Il va annuler un autre jour de sa vie à cause d'eux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le roman graphique Nayra et le Djinn, les éditions Bliss traduisent une autre œuvre de Iasmin Omar Ata, un.e artiste palestinien.ne qui vit aux Etats-Unis. Atteint.e d'épilepsie, iel utilise la mise en scène d'un personnage fictif pour raconter ce qu'iel a vécu dans sa vie, avec l'épilepsie, et ce que cela implique dans un quotidien. Le personnage d'Isaac, étudiant, lutte pour tenter de combiner une vie ordinaire avec l'épilepsie. Mais il a bien du mal à s'en sortir : il loupe beaucoup de cours à l'université car les crises sont récurrentes, ses médecins ne semblent pas l'écouter et les médicaments ne font pas toujours effet, sa famille est dans le déni. Il s'engouffre dans une spirale de douleur et d'anxiété, où l'épilepsie rythme sa vie. Scénaristiquement, il est parfois un peu difficile de suivre le chemin tracé de l'histoire, on se perd. Pourtant, même si nous n'arrivons pas toujours à rattacher les wagons, le graphisme nous fait ressentir des choses, notamment la douleur, la désorientation du personnage. Nous alternons entre des phases de la vie d'Isaac, colorisée sur des planches jaunes, avec du violet et du rose, et des planches introspectives, plus sombres, en noir, rouge et bleu. Le tout sous un format hybride entre le comics et le roman graphique dans la mise en page. Un album qui parle d'un sujet peu abordé en bande dessinée, et qui se place du côté du ressenti et des émotions pour expliquer ce que traversent les épileptiques.
