L'histoire :
«Alors prénom : Maybonne Maydelle. Un nom que je déteste. Ma petite sœur a écopé de Marlys Marcelle. Notre mère voulait que ce soit assorti, une tragédie personnelle. La première chose sur ma mère : c’est qu’elle était très belle quand elle était jeune. Le sosie d’Ava Gardner, tout le monde disait. Elle était si belle que cinq types l’ont demandée en mariage, avant qu’elle choisisse mon père, la pire erreur de sa vie. Je me suis toujours demandé à quoi j’aurais ressemblé si elle en avait choisi un autre» (…) Maybonne, 14 ans, raconte ses angoisses, ses joies et ses insécurités, à travers des pages de son journal intime, des extraits de devoirs de classe ou encore des lettres à ses proches et ses relations avec sa mère « dragon » à la maison. Sa petite sœur, Marlys, est à la fois prodigieusement agaçante et adorable, et ne manque jamais une occasion de lire en cachette ce journal intime. Ce volume contient aussi une histoire de vingt-deux pages : Filer en douce, initialement publiée en 1990 dans le magazine Raw.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le format à l'italienne est engageant, tout comme la couverture friandise ressemblant à un emballage de bonbon. Cela amortit l'immersion un peu plus sèche provoquée par les cases noir et blanc du dessin rapide de type fanzine de lycée. Cependant, la lecture des états d'âmes de ces deux frangines, observées dans leur vie typique d'adolescente et de gamine, remet vite les pendules à l'heure : Linda Barry, multi-primée, fait partie des grands auteurs contemporains américains, et ses histoires sont publiées depuis 1979 dans la presse outre-Atlantique, entre autre la série Ernie Pook’s Comeek, dont sont tirées ces bandes. C’est l’un des trois recueils de ceux traitant de la période préférée de l’autrice : 1989-1993, réédités par Drawn and Quartlery en 2022, que l’on découvre ici. Linda écrit avec ses tripes et son cœur et nous embarque avec une sincérité talentueuse dans l'univers et la psyché de ses protagonistes, usant d’un ton juste, de dialogues et de voix off criant de vérité. On rigole et on compatit en même temps, se disant qu'on a tous vécu deux trois trucs similaires au même âge. Il ne fait aucun doute qu'à l'instar de la série TV tirée de The End of the Fucking World de Charles Forseman, ce Come Over Come over trouverait intérêt à être adapté sur écran. Un chaînon manquant du comics alternatif, que l'on rangera dans sa bibliothèque aux côtés de ses Jason Little ou Julie Doucet.